[Ne pas se fier aux apparences ! Même si les derniers billets de ce blog sont un peu monomaniaques, ibicity ne travaille pas que sur le trottoir ! Son activité principale est le conseil et la recherche-action auprès des opérateurs publics et privés de la ville, sur l'économie urbaine et le (re)positionnement stratégique des acteurs de la fabrique urbaine].
Le 14 novembre dernier, l'association Futuribles International organisait une table-ronde autour de "Trottoirs", qui présentait les évolutions des trottoirs et par ce prisme aborder celles de villes. Elle a été introduite par François de Jouvenel, délégué général de l'association, et animée par Jean Haëntjens, économiste, urbaniste et conseiller scientifique de l'association, qui avait récemment rédigé une percutante critique du livre dans la revue Futuribles.
Le replay de la table-ronde organisée est disponible : ici.
"Les usagers historiques du trottoir — piétons, services publics, commerces, cafés et restaurants — doivent désormais compter avec de nouvelles catégories d’occupants, dont les géants du numérique et les promoteurs de la transition écologique. Les premiers saturent les trottoirs de trottinettes en free floating, de livreurs à domicile stationnant leur vélo cargo ou, bientôt, de robots livreurs ; ils projettent sur les trottoirs, via des outils comme Google Maps, une couche virtuelle qui en modifie sensiblement la représentation et l’usage. Les seconds demandent d’octroyer plus d’espaces aux modes de déplacement doux, comme la marche ou le vélo, tout en réclamant une renaturation partielle des trottoirs — plantation d’arbres, remplacement de l’asphalte par de la pleine terre.
Au total, ce sont plus de 50 objets divers — du panneau publicitaire au défibrillateur, en passant par les bornes de recharge électrique, les caméras vidéo ou les fontaines rafraîchissantes — qui encombrent les trottoirs, compliquent la circulation des piétons mais créent de la valeur. Les trottoirs sont devenus les espaces les plus convoités des villes. Au point qu’au Royaume-Uni ou aux États-Unis, des groupes financiers puissants achètent et aménagent des bouts de trottoir, renommés POPS (Privately Owned Public Spaces), sur lesquels ils créent de la valeur et assurent la sécurité.
Le trottoir apparaît ainsi comme miroir et révélateur des mutations d’une société — a fortiori lorsque 80 % de la population vit en ville. Leurs évolutions posent aussi de nombreuses questions particulièrement aux collectivités locales : comment partager ces espaces — ou gérer les conflits — entre les nombreux usagers qui se bousculent sur cette étroite bande passante ? Comment partager la valeur et récupérer une partie de celle qui se crée ? Comment éviter la banalisation de ces espaces qui font l’âme d’une ville ?"
Pour feuiller "Trottoirs", c'est : ici.
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