« Le livre qui vous fera changer de regard sur les trottoirs ». Après Le Monde des Livres (« Un très stimulant coup de sonde dans la réalité concrète de nos matières d’habiter »), c’est au tour de L’Express de souligner le caractère original du sujet et de publier une jolie critique (« note : 5/5 » !) qui rappelle que « les formes et fonctions des trottoirs changent au rythme des évolutions des villes » :
En ligne : ici, et dans le magazine papier (n°3766 du 7 au 13 septembre 2023) : voir image agrandie à la fin du billet.
Extrait :
« L’ouvrage fourmille d’observations originales, notamment sur les zones périurbaines qui se distinguent comme "un urbain sans trottoir". Au fond, le trottoir est une ressource rare, pour laquelle différentes utilisations sont en compétition : songeons au stationnement des voitures ou au passage des trottinettes. C’est une ressource clef, payée par le contribuable, qui en finance le fonctionnement, et par les acheteurs des opérations d’aménagement, qui en financent l’investissement. Baraud-Serfaty imagine les voies et moyens pour mieux assurer les équilibres économiques d’un endroit où se déroulent de plus en plus d’activités, allant de la gestion des déchets à la livraison des pizzas. Relatant aussi ce qu’il en est des trottoirs privés et de l’appropriation de certains trottoirs publics, elle sait faire, avec son étude peu banale, partager sa passion ».
L’approche économique du trottoir, relatée ici et qui est principalement celle de l’ouvrage, pourra surprendre ceux qui n’envisagent le trottoir que par le prisme du piéton. Mais c’est y compris pour le protéger (le piéton !... ou la piétonne), qu’il faut prendre conscience de la multiplication des occupants du trottoir, tandis qu’après les trottinettes, la prochaine bataille pourrait concerner la débitumisation et la végétalisation des trottoirs ! Cette approche économique a également été déterminante dans les débats qui ont permis leur généralisation au milieu du 19ème siècle :
« [Le trottoir est une] incontestable amélioration, non seulement au point de vue de la sécurité publique, mais encore au point de vue de l’économie de la chaussure, ce qui n’est pas une considération sans importance pour la grande majorité de la population. Les moins intéressés à l’établissement des trottoirs, ce sont les propriétaires les plus riches, car ceux-là vont rarement à pied ». Emile de Girardin, La Presse, 1845
A noter que Trottoirs ! ambitionne de s’inscrire dans le « tournant matériel », ce courant de pensée qui propose de saisir l’importance des objets et des matières, souvent peu visibles mais qui permettent de mieux saisir les effets et les enjeux des mutations de la ville et de la société. Citons par exemple les travaux d’Armelle Choplin sur le ciment pour comprendre l’urbanisation africaine, ou ceux de… Julien Damon (l’auteur de la critique de L’Express. Merci !) sur les « Toilettes publiques », commodités urbaines qui se trouvent la plupart du temps sur le trottoir, et convoquent également le Baron Haussmann, les égouts et les réseaux d’eau et les enjeux de gratuité et de cartographie !
(Toilettes publiques et Trottoirs ! en vitrine dans la Librairie de Sciences Po sur le trottoir pair de la rue Saint-Guillaume à Paris)
Pour ceux qui sont plutôt intéressés par le futur des villes, deux articles résument très bien les enjeux prospectifs des trottoirs : la critique de Jean Haëntjens dans la revue Futuribles (ici) et l'interview sur le site internet d'Usbek et Rica ("On peut lire l'avenir de la ville dans les lignes des trottoirs").
Pour ceux qui préfèrent une rencontre en chair et en os, rendez-vous à Clermont-Ferrand à la Librairie des Volcans le 16 septembre après-midi et à Bruxelles le 22 novembre prochain avec l'ARAU, association historique (1969) de défense du droit à la ville et des luttes urbaines bruxelloises.
Pour "feuilleter" Trottoirs !, c'est : ici.
L'article dans L'Express :
(Post linkedin associé : ici)
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