En pleine période de confinement ce printemps, le chiffre d'affaires lié aux livraisons de repas a dépassé celui du transport de passagers en VTC. L'activité du groupe a globalement reculé de 29 % au deuxième trimestre sur un an, à 2,2 milliards de dollars, et Uber a encore enregistré une perte nette de 1,8 milliard de dollars.
Heureusement, les populations confinées ont continué à manger. Si la pandémie de Covid-19 a mis un coup d'arrêt aux déplacements du leader des réservations de voiture avec chauffeur (VTC) au printemps, les livraisons de repas ont permis d'éviter à Uber de plonger davantage.
Tous les indicateurs ont néanmoins viré au rouge au deuxième trimestre, de la valeur des réservations sur ses différentes plateformes (-35 % sur un an, à 10,2 milliards de dollars) au nombre de clients actifs (-44 %, à 55 millions). Au final, le chiffre d'affaires du groupe de San Francisco a reculé de 29 %, à 2,2 milliards de dollars, et le groupe a enregistré une nouvelle perte nette sur le trimestre, à hauteur de 1,8 milliard.
La complémentarité de ses deux grandes activités s'est traduite par un effet ciseau inédit au deuxième trimestre : le chiffre d'affaires des livraisons de repas via Uber Eats a plus que doublé, à 1,2 milliard de dollars, et ainsi dépassé celui du transport en VTC, en recul de 67 %, à 790 millions de dollars.
Plan d'économies
La livraison de repas est toutefois pour l'instant plus loin de l'équilibre financier que le transport de passagers. Alors qu'Uber vient d'annoncer le rachat de l'américain Postmates, la livraison de repas a enregistré une perte (Ebitda ajusté) de 232 millions de dollars. L'activité de VTC a, elle, gardé la tête hors de l'eau avec un petit gain de 50 millions de dollars.
Ce dernier n'a été possible que grâce à un plan d'économies serré , avec le licenciement d'un quart des effectifs, soit plus de 6.000 salariés. Uber a toutefois assuré que certains pays avaient déjà atteint le point mort de leur équilibre financier dans la livraison de repas, comme en France, en Belgique et « dans quelques autres pays ».
Uber mise sur le retour au bureau
Le groupe mise maintenant sur le retour au bureau pour voir son activité redémarrer dans le transport, en pariant que les salariés ne voudront pas tous reprendre les transports en commun. Les VTC seraient ainsi un moyen de transport intermédiaire entre le métro et la détention d'un véhicule. « Nous n'avons pas vu de signe de dommage permanent » au modèle Uber, indique ainsi le groupe.
De nouveaux services déjà testés sur certains marchés sont développés, comme la réservation d'une voiture pour un temps donné, avec la possibilité de faire de multiples arrêts. Uber s'est aussi rapproché des acteurs des transports en commun, à l'image de l'accord signé en juin avec la SNCF pour faire partie de son offre de service de transport multimodale. Un autre accord a été signé avec un comté californien. La plateforme a par ailleurs annoncé, jeudi, un accord pour acquérir le britannique Autocab, une entreprise dont la technologie est utilisée par les taxis.
Source : "Uber : plus de livreurs que de chauffeurs au printemps" - Véronique Le Billon - Les Echos - 10 août 2020
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