En 2021 faisons un pas de côté…
Vous l’avez peut-être déjà vue ou même photographiée : la statue « Eloge du pas de côté » se trouve à Nantes, place du Bouffay. (Voir ici sa présentation sur le site du Voyage à Nantes, qui en est l’instigateur).
Cette statue a été réalisée par Philippe Ramette, dont on aime bien les travaux par ailleurs (voir par exemple : ici). Mais cette statue, un peu moins. Car elle donne l’impression que le pas de côté conduit à perdre l’équilibre et à tomber. Or, nous croyons tout l’inverse : le pas de côté est la démarche qui permet de prendre du recul pour trouver des solutions à des questions. Et d’établir sa stratégie.
Rien de nouveau sous le soleil (ou sous la neige), certes. Cela fait longtemps que le test des 9 points à relier rappelle qu’il faut sortir du cadre pour résoudre un problème.
Test : reliez les 9 points ci-dessous avec seulement 4 lignes droites, sans lever votre crayon.
Et vous vous souvenez sans doute de la scène du film « Le cercle des poètes disparus » dans laquelle Robin Williams (alias le Professeur Keating) exhorte ses élèves à changer de point de vue.
Mais la période actuelle, marquée par deux transitions majeures (la transition écologique et la transition numérique) et aussi par la crise sanitaire que nous vivons et la crise économique qui s’annonce, rend plus nécessaire que jamais ce pas de côté, et oblige à changer de lunettes.
D’une part, on ne peut plus se contenter de reproduire les mêmes manières de faire, et la question du sens et des finalités est essentielle.
D’autre part, alors que tout se brouille et que les frontières entre secteurs et entre acteurs sont de plus en plus floues, les opérateurs de la ville, publics comme privés, doivent trouver de nouvelles manières d’avancer leurs pions : le jeu des acteurs de la ville n’est plus un jeu d’échecs, où le mouvement des pièces est déterminé par le nom de la pièce (la tour avance tout droit, le fou avance en diagonale, l’aménageur aménage, le promoteur fait de la promotion immobilière, l’exploitant exploite…) mais un jeu de go, où chaque opérateur a la même liberté de mouvement : le promoteur peut faire de l’aménagement, l’énergéticien devenir opérateur immobilier, l’aménageur s’occuper d’exploitation… Désormais, chaque acteur peut se positionner sur n’importe quel maillon de la chaîne de la valeur et c’est le mouvement relatif des pièces qui compte. Qu’il s’agisse de se créer un avantage compétitif vis-à-vis de ses concurrents ou d’organiser une fabrique de la ville plus durable, le principal enjeu devient de piloter des écosystèmes urbains ou de s’insérer dedans.
Comment faire un pas de côté ? Pour y répondre, nous nous appuyons notamment sur un des « séminaires pas de côté »® que nous avons organisés cette année.
Réaliser un pas de côté, c’est d’abord s’interroger sur ses finalités. La « méthode des 5 pourquoi » n’est pas nouvelle, mais elle est très utile. Il faut aussi revoir la fameuse conférence Ted de Simon Sinek. Souvent, on va trop vite sur ce qu’on croit être la réponse à la question, en oubliant d’avoir bien pris le temps de réfléchir à la question.
Par exemple : un opérateur de mobilité souhaite mettre en place une application mobile de stationnement tarifé sur rue. En se posant 5 fois la question « Pourquoi ? », on inscrira cet objectif dans une perspective plus large (la mobilité durable), et on verra que d’autres pistes de solutions peuvent être imaginées, qui permettront d’envisager différemment les attentes par rapport à cette solution de stationnement tarifé sur rue.
Réaliser un pas de côté, c’est ensuite changer de point de vue, et passer de la logique de l’offre à celle de la demande.
Par exemple : pour un opérateur de stationnement sur rue, une place de stationnement sert à garer une voiture. Mais, une place de stationnement peut aussi être vue avant tout comme une portion d’environ 10 mètres carrés sur l’espace public, lequel devient de plus en rare.
La lunette initiale était : la tarification du stationnement comme tarification d’une composante d’un bouquet de services de mobilité. La nouvelle lunette devient : la tarification du stationnement comme manière d’allouer une portion de l’espace public très convoitée par les acteurs d’autres services urbains (propreté, mobilier urbain, qualité de vie, etc.). Et cela change beaucoup de choses… !
Au final, ces pas de côté auront aidé l’opérateur urbain dans la définition de sa stratégie : ils lui auront permis de mieux allouer ses ressources, par définition disponibles en quantité limitée, de manière à créer de la valeur.
Ainsi, le pas de côté est ce regard décalé, qui permet de chausser de nouvelles lunettes et de trouver de nouvelles solutions. Il faut travailler l’écart, en croisant les disciplines (par exemple finance / architecture), les postures (recherche / opérationnel), et les approches (françaises / étrangères ; prospectives / historiques). Il faut aussi travailler le déplacement et les recompositions : les acteurs bougent et il ne faut pas les enfermer dans leur case. C’est vrai dans la ville. Comme dans la vie.
Bref ! En 2021, on passe sur le trottoir d’en face ! Ce qui est une première manière de faire un pas de côté ! (En anglais d’ailleurs, trottoir se dit : sidewalk et pas de côté : sidestepping).
Justement, saurez-vous reconnaître la ville dans laquelle la photo support de notre carte de voeux a été prise ? Vous pouvez nous envoyer votre réponse à : ibicity@ibicity.fr. Indice : comme il se doit en 2021 (entre leur relance et leur revanche), il s’agit d’une ville moyenne !
Et aussi : un bilan rapide de notre activité 2020 : ici.
Et enfin : nos vœux 2020 (il y a un an, un autre monde), 2019 (un trottoir déjà), 2018, 2017, 2016 (un « grand-huit piéton », notre carte préférée !), 2015, 2014, 2013, 2012, 2011.
Bonne année 2021 !!
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