Ce partenariat entre la jeune pousse (fondée en 2004, et... 10 millions de membres) et le géant mondial du BTP (200 000 salariés, près de 40 milliards d'euros de chiffre d'affaires) est emblématique de ces "disruptions" qui sont à l'oeuvre dans tous les secteurs de l'économie, y compris désormais les plus traditionnels.
En l'espèce, ce partenariat relève de ce que Nicolas Colin et les Barbares appellent "l'alliance avec la multitude". Mais bientôt, avec l'explosion des objets connectés, les partenariats de tous types vont se développer. Pour comprendre ce qui se joue, il faut lire le dernier numéro de la revue Harvard Business Review, consacré à l'internet des objets.
Dans un article particulièrement stimulant, le gourou du management Michaël Porter (celui des fameuses "cinq forces concurrentielles") montre notamment comment :
La puissance des capacités des produits intelligents connectés redéfinit non seulement la concurrence au sein d'un secteur mais peut aussi aller jusqu'à en redéfinir la nature même. Le périmètre concurrentiel d'un secteur d'activité s'élargit pour englober des gammes de produits apparentés qui, ensemble, répondent à un besoin sous-jacent plus large.
(...)
La base même de la concurrence glisse donc de la fonctionnalité d'un produit distinct vers les performances d'un système de produits plus large, dont l'entreprise n'est qu'un acteur".
Le schéma (ci-dessous) présenté dans la revue concerne le système de gestion de l'exploitation agricole, mais, à l'occasion d'une mission que nous menons pour un aménageur, nous avons pu le transposer au secteur de la gestion de la mobilité.
Il faut lire aussi le dernier numéro (Avril 2015 - n°450) de la revue "Pour la science" qui consacre un article à la route de 5ème génération.
Extraits :
"Après le chemin muletier, la voie romaine, le macadam puis l'autoroute, voici venu le temps des routes de cinquième génération. (...) Quelques exemples laissent imaginer les bénéfices attendus de l'interaction entre réseaux d'information et véhicules communicants".
"Dans le même ordre d'idées, on peut imaginer qu'en milieu péri-urbain, les autoroutes allouent dynamiquement, selon le jour et l'heure, des voies supplémentaires pour les "covoitureurs" et les transports collectifs. De façon similaire, en milieu urbain, l'espace public serait reconfiguré par une signalisation modulable en fonction de l'heure de la journée ou du jour de la semaine, notamment pour optimiser le partage entre différents modes de transport (véhicules de particuliers ou en libre partage, cyclistes, piétons, transports en commun, etc.)".
"En comparaison avec le passé, ce sont la multiplicité des enjeux et la synergie nécessaire entre acteurs d'horizons très différents qui rendent ce défi (de déployer les routes du futur) à la fois complexe et passionnant".
Mais, pourquoi Orange et Nexity dans le titre de ce billet ??
Eh bien, pour les mêmes raisons !
Orange s'annonce comme un nouvel entrant sur le secteur de la mobilité. On se souvient qu'en 2013, grâce aux traces laissées par les téléphones portables, il avait cartographié les flux touristiques sur l'agglomération de Nice. De manière générale, cette possibilité de traiter les données de la mobilité lui permet de se positionner sur les études de mobilité amont, et ensuite de redescendre en aval sur la chaîne.
Quant à Nexity - dont le patron d'Orange, Stéphane Richard, fut un haut dirigeant - il est de fait promoteur des stationnements sur les programmes immobiliers qu'il réalise. Il participe ainsi du système élargi de mobilité.... avec le risque de se voir lui-même "disrupté" par un acteur comme Google. (voir ici).
Lire aussi nos précédents billets : "les espaces publics dans la ville intelligente"" et "Aménagement et smart city : lancement de Tetris Urbain".
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