"Arpenter l'urbain" : joli titre de la critique de Trottoirs ! dans Le Monde des Livres de ce jour.
Extrait (exhaustif) :
Spécialiste de l’économie urbaine, qu’elle enseigne à Sciences Po Paris, Isabelle Baraud-Serfaty raconte qu’un jour de 2018, en marchant dans Paris, une évidence s’est imposée à elle. L’objet qu’elle cherchait « depuis des années pour incarner les transformations de la ville » était sous ses pieds : c’est au trottoir qu’elle devait désormais consacrer ses enquêtes. « Lieu de la mémoire, (…) lieu de l’ordinaire », celui-ci permet aussi, comprenait-elle, de « dériver », de mêler les disciplines – histoire, économie, sociologie… – et les points de vue, de décrire, surtout, le mélange dont il est lui-même le réceptacle par excellence, entre promeneurs et riverains, commerçants et ouvriers, privé et public, ou encore entre le passé, le présent et l’avenir. Un avenir que les mutations accélérées dont il est le théâtre laissent entrevoir mieux que beaucoup de lieux d’une noblesse plus manifeste. Le livre né de cette « révélation » articule toutes ces dimensions avec une rigueur qui ne s’interdit pas la digression, ni l’amusement, et qui apparaît comme un très stimulant coup de sonde dans la réalité concrète de nos manières d’habiter."Le livre né de cette « révélation » articule toutes ces dimensions avec une rigueur qui ne s’interdit pas la digression, ni l’amusement, et qui apparaît comme un très stimulant coup de sonde dans la réalité concrète de nos manières d’habiter".
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Le trottoir est une métonymie de la ville. Si « voir une voile à l’horizon » signifie « voir un bateau », de la même manière, une photo montrant une scène sur un trottoir suffit à indiquer qu’on est en ville. À l’inverse, quand il n’y a pas de trottoir, c’est qu’on n’est pas en ville – ou alors qu’on se trouve sur la dalle de Cergy-Préfecture ou dans une rue piétonne.
Si on peut définir le périurbain comme un urbain sans trottoir, il est frappant de constater que l’une des premières réclamations des habitants d’un lotissement neuf concerne souvent les trottoirs : « Parmi les objets-signes de l’urbain, nous avons indiqué le lampadaire, le banc, le trottoir. Si une bourgade se les offre, c’est pour « faire ville » (Henri Lefebvre, Du rural à l’urbain, 1970).
Ainsi, marcher sur les trottoirs c’est « arpenter l’urbain », selon le joli titre de l’article que le Monde des Livres consacre à « Trottoirs ! Une approche économique, historique et flâneuse ».
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