4 articles à lire (parmi d'autres) :
"Avec les « gilets jaunes », le rond-point français accède à la conscience de place", de Jean-Laurent Cassely, sur Slate, 14 décembre 2018.
Avec son occupation par ses riverains affublés de « gilets jaunes », le rond-point français est en train de renouer avec un statut dont une certaine approche de la ville moderne l’avait privé: celui de place publique. Pour comprendre cette mutation, il faut comme le fait Éric Alonzo dans son livre revenir sur les étapes qui ont abouti à la généralisation du carrefour giratoire à la française.
"La couleur des gilets jaunes", d'Aurélien Delpirou, La Vie des idées, 23 novembre 2018.
Il serait donc erroné d’analyser le mouvement des gilets jaunes comme une jacquerie des populations rurales défavorisées contre des citadins fortunés. Il traduit, au contraire, la multiplicité des interdépendances territoriales et fonctionnelles au sein de vastes aires métropolitaines, où se juxtaposent fragments de ville dense, nappes pavillonnaires, bourgs revitalisés ou en difficulté, zones d’activités, espaces naturels et agricoles, centres commerciaux, pôles tertiaires et logistiques, etc. L’automobile est bien souvent la condition nécessaire de l’accessibilité à ces différents espaces et à la diversité des ressources qu’ils offrent. C’est précisément parce qu’elle permet de maximiser les programmes d’activités au sein de ces « métapoles » (Ascher, 1997) qu’elle a constitué le déclencheur des revendications des gilets jaunes.
"Pierre, Paul, Jacques et les “gilets jaunes”", de Jérôme Perrier – Le Monde – 3 décembre 2018
Et si, loin d’être une explosion engendrée par les renoncements de l’Etat social qui fut au cœur des « trente glorieuses », le mouvement des « gilets jaunes » était, au contraire, le résultat des impasses d’une spirale interventionniste et redistributrice, celle d’un Etat devenu obèse et impotent ?
Expliquons-nous. Avec un taux de prélèvements obligatoires avoisinant les 45 % du PIB et une part des dépenses publiques représentant 54 % de notre richesse nationale, l’Etat français (nous y incluons évidemment notre système de protection sociale) est devenu une gigantesque machine à redistribuer, dont la mission première consiste quotidiennement à déshabiller Pierre pour habiller Paul. Par le biais de la fiscalité et des prestations sociales, la collectivité prend, d’une main, une part croissante des revenus de chacun, pour mieux redonner, de l’autre main, cette même quantité de richesses.
(…) Tout Français est à la fois dans la position de Pierre et de Paul. En effet, chacun d’entre nous paye des impôts (quand bien même il n’est pas assujetti à l’impôt sur le revenu) et cotise, tout en bénéficiant, dans le même temps, d’un certain nombre de prestations délivrées par les services publics (à l’école, à l’hôpital, ou ailleurs), d’allocations (familiales, logement, etc.), ou encore de subventions.
"The Yellow Vests Don't Need Cheaper Gas, They Need A New Deal For The Entrepreneurial Age", de Nicolas Colin, Forbes, 9 décembre 2018
Nous devrions supposer que les électeurs sont intelligents et réaliser que toutes ces politiques, quelle que soit leur pertinence dans le passé dans d'autres pays, sont sans objet en 2018 en France. C’est parce que beaucoup de choses ont changé depuis Thatcher, Clinton et Schröder : la crise financière; la montée de la Chine en tant que moteur économique mondial; les grandes sociétés de technologie remplaçant les anciennes sociétés fordistes comme les organisations d'entreprise les plus puissantes au monde; la plupart des emplois et des opportunités se regroupent dans les grandes villes, où le logement est désormais inabordable; et la crise imminente de l'Union européenne et de la zone euro. (...) Heureusement, il n’est pas trop tard pour ouvrir un nouveau front, celui d’imaginer les institutions qui rendront l’économie numérique plus durable et plus inclusive. (traduction ibicity)
Et aussi, sur France Culture : "7 articles à lire pour (tenter de) comprendre le mouvement des "gilets jaunes""
Commentaires