Rien à voir avec notre précédent billet sur la marche à pied. Et pourtant...
Dans son roman Les Morues (Le Livre de Poche, 2013), la jeune écrivain Titiou Lecoq imagine... la privatisation des trottoirs !
J'ose vous proposer mon idée un peu folle : ouvrir les trottoirs la concurrence ! Voyons les choses en grand. Assurons aux trottoirs une plus grande compétitivité ! Comment ce qui est bon pour les routes empruntées par les trottoirs ne le serait pas pour les chemins traversés par les piétons ? (...) L'entretien des trottoirs pèse trop lourdement sur le budget des villes dont les finances sont déjà en danger. Ne nous privons pas de l'aide du secteur privé. Imaginons une rue. Deux trottoirs opposés mais en jachère complète. Donnons, après un appel d'offres, la gestion de chaque trottoir à une société différente. C'est autant d'économies pour la ville.
Il semble que le thème de la privatisation de la ville inspire de plus en plus les romanciers. Déjà, en 2007, BenoÎt Duteurtre commençait ainsi son roman La Cité heureuse :
"Pour la première fois dans l'histoire, une entreprise multinationale s'apprêtait à racheter, sinon une ville, du moins un quartier entier avec ses voies, ses monuments, ses immeubles... et sa population".
Et voici ce qu'il advient quelques années après :
"Certains aménagements urbains commençaient à se dégrader. (...) Le principal but de la Compagnie était en effet de revendre à un nouvel investisseur, ce qui supposait de réduire sévèrement les charges de personnel".
Et, en 2011, le cinéma se saisissait de la privatisation des gares, avec le film de Pierre Schoeller, L'exercice de l'Etat.
Merci en tout cas à l'étudiant inconnu (les copies sont anonymes) du Master Stratégies Territoriales et Urbaines de Sciences Po qui nous a signalé "Les Morues" en réponse à la question : "Qu'est-ce que la privatisation des villes ?" !!
Sur ce sujet : "La nouvelle privatisation des villes", Esprit, mars-avril 2011
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