Voici cette fois-ci la version podcast de notre intervention "Qui fait le trottoir ? ou Les mutations du trottoir à l’heure des transitions écologiques et numériques". On peut la résumer ainsi : le trottoir est un objet urbain qui s’est développé au 19ème siècle en même temps que les grands réseaux d’infrastructures. Désormais, sous l’effet des transitions numérique et écologique, l’humble bordure de trottoir devient un des espaces urbains parmi les plus convoités. Ses multiples encombrements, si souvent décriés, sont avant tout le signe de sa rareté. Ce qui est rare est cher : le trottoir devient l’actif urbain avec le plus de valeur. Une nouvelle bataille des trottoirs s’engage, à laquelle prennent part municipalités, piétons, riverains, logisticiens, plateformes numériques ou opérateurs de circuits-courts. Elle est passionnante… et décisive : pour lire l’avenir des villes, regardez le trottoir !
Le podcast (27 minutes dont 4 minutes de chansons) est écoutable sur la plateforme djpod ou en appuyant sur le bouton LECTURE :
Ceux, nombreux on n'en doute pas, qui ont déjà vu le replay du webinaire d'Urbis Le Mag ou notre capsule "21 minutes sur le trottoir" (où l'on explique en 21 minutes pourquoi le trottoir est l'objet urbain avec le plus de valeur) ou nos billets sur le trottoir n'apprendront rien de nouveau sur le fonds, mais pourront découvrir quelques jolies chansons (qui parlent de trottoirs forcément !).
Notre coup de coeur va à la première, un petit bijou, qu'on a découverte en préparant le podcast. Elle est de Raymond Lévesque et s'intitule : "Les trottoirs".
On peut l'écouter en cliquant LECTURE ci-dessous. (Voir également à la fin du billet une reprise de sa chanson par Diane Dufresne).
Avez-vous r'marqué sur les trottoirs
Les petits enfants s'amusent?
Avez-vous r'marqué sur les trottoirs
Les grands passent et les usent?
Avez-vous r'marqué sur les trottoirs
Les petits enfants font des rondes,
Mais les gens pressés n'ont pas d'mémoire
Et les arrêtent et les grondent
Avez-vous r'marqué sur les trottoirs
Les p'tites filles jouent à la mère
Et les p'tites poupées, sans le savoir,
Ont un père à la guerre
Car sur les perrons, de p'tits soldats
Se livrent dure bataille
Mais ça n'dure pas long quand un soldat
Tombe su'l'derrière et puis braille
Avez-vous r'marqué sur les trottoirs
Les petits enfants se racontent
Toutes improvisées de belles histoires
Qui valent au moins bien des contes
Quelquefois, des grands dans l'auditoire,
Ridiculisent leur prose
Ce n'sont pas les grands, vous pouvez m'croire,
Qui sauraient faire la même chose
Avez-vous r'marqué sur les trottoirs
Quand on regarde là-haut,
On peut voir briller dans toute sa gloire
Le ciel et son flambeau?
Mais les grands qui passent sur les trottoirs
Ne voient même plus la lumière
Car les grands qui passent sur les trottoirs
Regardent toujours par terreC'est pourquoi, mon Dieu, je vous demande
Si cela est dans votre vue,
C'est pourquoi, mon Dieu, je vous demande
Que les grands marchent dans la rue
En lien avec le choc que nous eûmes en découvrant que les "trottoirs" chers à Jane Jacobs étaient traduits en français par le mot "rues" (cf. notre billet sur le trottoir comme combat féministe), il n'est sans doute pas étonnant que l'auteur de cette chanson soit québécois. Alors que Georgette Plana, qui chante notamment "La vipère du trottoir" (voir ci-après), est bien française.
Les autres chansons dont on écoutera des extraits sont les suivantes. A chaque fois, on indique l'extrait repris dans le podcast.
Diane Tell - Les trottoirs du boulevard Saint-Laurent (au bout de 7 minutes et 20 secondes)
Pour déjeuner on mange debout au Coin Doré
Les prix toujours bas et la qualité n'ont pas changé
Pourquoi? Quand c'est bon, c'est bon, jour et nuit
Mais qui n'a pas encore goûté
Aux très fameux délicieux steamés du boulevard Saint-LaurentCrescent attire des gens riches qui passent pour avoir de la classe
Les jeans sont interdites partout à moins qu'elles soient signées
Ça m'énerve, alors je prends mon vieux Chevy
Et vais me stationner le long des trottoirs du boulevard Saint-LaurentC'est un peu moins beau
Mais beaucoup, beaucoup plus vrai
Moi quand je vois la folle de Carole qui me tend la main
Je t'emmène chez nous pour rien si tu
Tu veux bien m'attendre
Il faut s'attendre à tout ici
Mais ça jamais non merciSi Prince-Arthur est bien plus hip
Et Saint-Denis a son Université
Saint-Laurent a ses trottoirsC'est un peu moins beau
Mais beaucoup, beaucoup plus vrai
Blues Trottoir - Un soir de pluie (au bout de 16 minutes et 59 secondes)
Un soir de pluie et de brouillard
Quelques taxis passent sans me voir
Une insomnie qui tourne au cauchemar
J'n'ai qu'une envie, rentrer pas trop tardD'toutes façons je voulais pas sortir
Et ce soir j'avais le blues sur le trottoir
Jeanne Cherhal - Merci (au bout de 21 minutes et 49 secondes)
Pour le haut plateau de Belleville
D'où je vois toute la ville
Et pour le vent qui tourne autour
Des fenêtres de la tourPour le trottoir ruisselant
Pour le café, les croissants
Et pour l'accordéon qui boite
Au fond du souterrain moitePour la nuit sur les bateaux-mouches
Et pour sa bouche
Merci
Depuis longtemps elle l'avait dans la peau
C'est pourquoi sur le Sébasto
Le long des murs le soir elle rampait
En disant il faut que je l'ai
Un soir qu'il sortait de l'atelier
Elle aborda l'ouvrier
Elle lui dit: j'voudrais t'aimer
T'as de belles mirettes, tu m'plaisL'ouvrier sourit, et dit: je sais
Qu'on t'appelle la vipère du trottoir
Le jour ouvre un œil froid un arbre échevelé
Emerge de la brume en ébrouant ses branches
Les trottoirs de Paris rechaussent leurs souliers
On rêve encore un peu d'une aube toute blanche
Les gares grises s'ouvrent aux regards exilésDis-moi l'adresse du bonheur
NB : Raymond Lévesque est mort au mois de février 2021. Voici une reprise de sa chanson "Les trottoirs" par Diane Dufresne : ici.
Egalement ici "Les trottoirs" chantés par Eddie Constantine.
Autres podcasts sur le trottoir :
Homo Urbanicus sur le trottoir et sur Radio Alligre : ici.
Interview de Pedro, livreur Uber Eats et Deliveroo : là.
Ajout du 20 mai 2023 :
(parmi les chansons à rajouter : "La marelle sur le trottoir", d'Anne Sylvestre : "La marelle sur le trottoir pousse pousse mon caillou noir / La marelle s'ennuie le soir quand les enfants sages font leurs devoirs / La marelle sur le trottoir à la craie rose sur goudron noir /....". D'ailleurs ce livre s'adresse justement aux gens qui ne doutent pas, qui restent sur leur trottoir et ne vont jamais sur le trottoir d'en face, tandis que "la ville à hauteur d'enfants" se... joue... largement sur le trottoir).
(Source image : "Contre le changement climatique, réinventer les villes à hauteur d’enfant", Olivier Monod, Libération, 12 mai 2023)
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