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La Fondation Jean Jaurès organisait le lundi 6 novembre 2023 une table-ronde à l'occasion de la publication de son rapport sur le piéton et son avenir dans l'espace public. Intervenaient, outre l'autrice de ce blog : Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris ; Alban Gonord, directeur de l’engagement à la Macif ; Mathieu Alapetite, auteur du rapport sur le piéton ; Emilie Agnoux, experte associée à la Fondation Jean-Jaurès.

Le replay de ce débat "quelle place pour le piéton dans l'espace public ?" est en ligne. Pour écouter l'ensemble du débat, cliquer sur la vidéo ci-dessous ou ici.

Pour aller directement sur le trottoir : à la 26è minute (26'50'').

Je vais aborder la question du piéton plutôt par le prisme du trottoir. En cette période trouble, je voudrais commencer par un rappel historique. On a vu récemment certaines inscriptions haineuses, sur des trottoirs, et ces inscriptions rappellent d’autres interdictions. En 1822, en Equateur, après l’Indépendance, les indiens avaient l’interdiction de marcher sur le trottoir. En Biélorussie, pendant l’occupation nazie, les juifs avaient l’interdiction de marcher sur le trottoir. Bertolt Brecht dans son livre « Les aventures Monsieur Keuner » raconte que c’est lorsque l’officier d’occupation lui a dit de descendre du trottoir qu’il a décidé se révolter. Le trottoir, c’était historiquement une forme de démocratisation du « haut du pavé », car avant le trottoir, les rues étaient sales et seules les personnes considérées comme d’un rang supérieur avaient le droit de ne pas marcher dans la boue. Donc il me semble que, le trottoir, peut-être plus encore que l’espace public, c’est le lieu de l’altérité, le lieu de la démocratie, parce que c’est fondamentalement un entre-deux, un entre-deux public et privé, marchant et marchand. Je voulais en préambule insister sur ce point.

Le deuxième point sur lequel je voulais réagir par rapport à la question de la marche : vous avez dit que c’était « invisibilisé ». Beaucoup de gens disent que la marche est un « impensé ». Mais ce qui me frappe, c’est qu’en ce moment, je vois beaucoup de rapports sur la marche. Il y a eu récemment, Jérôme Monnet est dans la salle, un « Dictionnaire de la marche en ville » qui est sorti ; Bernard Roth va publier un livre « Marche et démarche pour éveiller la ville » ; la revue Transports urbains a sorti son dernier numéro sur les infrastructures pour la marche en ville. Donc qu’est-ce que cela veut dire que tout le monde pense un impensé en même temps ? Je pense que cela traduit un basculement des imaginaires. Ce basculement des imaginaires, on pourrait dire que c’est le basculement de l’imaginaire de la voiture à celui du piéton. Mais le changement d’imaginaire qui est le plus important c’est celui d’une ville pensée pour la voiture à autre chose. Or je pense que le contraire de la ville pensée pour la voiture, ce n’est pas une ville pensée pour le piéton. Car le piéton s’inscrit encore dans une vision fonctionnaliste de la ville, dans une fonction circulatoire, un peu exclusive. J’ai tendance à vouloir prendre le contre-pied de ceux qui considèrent que le trottoir est le lieu exclusif du piéton. Bien-sûr le trottoir est le lieu du piéton. D’autres figures me paraissent intéressantes à convoquer. Et d’abord la figure du riverain.

(...)

L'ensemble du débat est bien-sûr à écouter, qui fourmillait d'observations intéressantes.

Merci aussi à Emmanuel Grégoire pour ses aimables propos à l'adresse d'ibicity ! (45'35'').

 

Pour télécharger le rapport : ici

Pour lire la note d'Emmanuel Grégoire : ici.

Pour feuilleter "Trottoirs ! Une approche économique, historique et flâneuse" : .

 

Post linkedin associé : ici.

Les inscriptions haineuses évoquées en introduction :

 

 

 

 

 

 

 

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