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En ce moment, se tient à Paris « une exposition sortie de l'imagination d'un collectif d'architectes "... et Alors ?" qui a imaginé quel pourrait être Paris dans le futur lorsque la température de la Terre aura augmenté globalement de 2°C. Le projet d’anticipation « + 2°C … Paris s'invente ! » s’inscrit dans cette direction utopique en proposant 20 cartes postales de Paris plongé dans un climat fiction. Il s’agit d’une ville qui se transforme activement pour lutter contre l’emballement de la machine climatique et qui saisit cette opportunité pour réinventer des modes de vie urbains ». (cf. ici et image ci-dessous)

Et si, de la même manière, nous imaginions ce que deviendrait Paris si ses recettes financières diminuaient fortement ? (Pour mémoire, le budget 2010 de Paris – département et commune – s’élève à 7,4 milliards d’euros). Panorama en 5 cartes postales tirées de l’actualité récente.

Expo +2°C Paris s'invente,

Carte-postale du Royaume-Uni

« Les collectivités locales (…) vont devoir réduire leur train de vie de 25% à 30% en moyenne ». A Barnet, au nord de Londres, sur un territoire tory traditionnel, le maire de cette commune de 320 000 habitants a lancé son projet d’ « EasyMairie ». Le postulat de départ est le suivant : «Tout comme les clients des compagnies aériennes à bas coût, les contribuables veulent pouvoir choisir les services dont ils ont besoin. (…) Le résident devra avoir accès à un service minimum qu’il pourra enrichir selon ses envies, à condition de payer : une poubelle plus grande, un conseiller attitré pour suivre tous les dossiers le concernant… ».

Ma mairie discount - Le Monde - 21 octobre 2010

Carte-postale de Madrid

« Les entreprises chargées du nettoyage des rues et du ramassage des ordures de Madrid menacent de recouvrir la ville de détritus si elle ne les paie pas au plus vite. La capitale espagnole croule sous une dette inédite de plus de 7 milliards d'euros, six fois plus qu'à l'arrivée au pouvoir de l'actuel maire, Alberto Ruiz-Gallardon, en 2003.

Après avoir dépensé des sommes considérables dans les travaux de couverture du périphérique, le remodelage du centre-ville, les deux candidatures aux Jeux olympiques ou l'aménagement de « Madrid-plage », la ville est bien en peine de trouver les fonds nécessaires au paiement des sous-traitants qu'elle emploie. (...) Madrid a finalement trouvé une solution d'urgence. Mais la situation n'est pas près de s'arranger, puisque le gouvernement a décidé d'interdire l'accès au crédit, public comme privé, en 2011 aux mairies dont la dette dépasse 75 % de leurs revenus. Si les trois quarts des 9 000 municipalités échappent à cette mesure, d'autres sont contraintes d'appliquer une sévère cure d'austérité. C'est le cas de plusieurs grandes villes, comme Madrid, dont la dette représente plus de 127 % de ses revenus, Valence (112 %), Saragosse et Malaga.

En Espagne, les villes endettées sont privées d’emprunt – Le Monde – 21 octobre 2010

Carte-postale de Los Angeles

« L’Eta californien estime à 1,4 milliard de dollars (1,01 milliard d’euros) le produit sur les ventes et les taxes que la marijuana lui rapporterait. Les amateurs de drogue comme les créanciers de l’Etat sont très favorables à l’adoption d’un tel texte, mais même si ladite motion était adoptée, la réalité pourrait rester en deçà de leurs attentes. (…) Légaliser la marijuana et la frapper de taxes aurait l’avantage de créer des recettes, de se débarrasser de lois régulièrement bafouées, ainsi que de diminuer la criminalité et les trafics associés. Mais les enjeux sanitaires et sociaux ne sont pas minces ».

La sauvetage financier de la Californie ne passera pas par la marijuana - Le Monde – 29 octobre 2010

Carte-postale de Chicago

Pour faire face à ses besoins, Chicago, la 3ème ville en termes de taille des Etats-Unis, préfère privatiser plutôt que d’augmenter davantage les impôts locaux. Ainsi, elle donne en affermage ( « leasing ») un certain nombre des actifs qu’elle détient à des entreprises privées, à charge pour elles de se rémunérer sur les usagers. En 2005 et 2006, elle a ainsi donné en « leasing » d’une durée de 99 ans la route à péage Skyway ou encore des parcs de stationnement : en échange du paiement de la somme requise (respectivement 1,8 milliards de dollars et 563 millions d’euros), des entreprises privées acquièrent la propriété de ces équipements pendant une durée de 99 ans, se chargent de les entretenir et se rémunèrent auprès des usagers. Ces deux opérations furent très réussies, bien acceptées et servirent à rembourser une partie de la dette de la ville et à créer un fond de réserve long-terme.
Après ces succès, la ville voulu affermer les parcmètres, mais ce fut un désastre, car les habitants, mécontents de la hausse des tarifs qui s’ensuivit, bouchèrent les fentes des parcmètres avec de la colle ! Il n’empêche, une telle pratique qui permet d’obtenir beaucoup de cash rapidement séduit aujourd’hui de nombreuses collectivités américaines, qui préfèrent cela à d’impopulaires hausses d’impôts ou coupes budgétaires.

Asset-leasing in Chicago - The big sell – The Economist – September 18th, 2010

Carte-postale de Paris

La Mairie de Paris et Unibail-Rodamco viennent de finaliser l’accord de financement du chantier des Halles. Le protocole d’accord prévoit un « financement en trois parties. Unibail-Rodamco rachète d’abord des surfaces commerciales, le nouveau centre étant plus étendu que le précédent (100 millions d’euros), avec la création d’un nouvel édifice : « La Canopée ». Dans la même veine, la société se voit céder des locaux et des ruelles désormais jugées sans intérêt par la ville (20 millions d’euros). Enfin, Unibail qui n’était propriétaire du centre commercial que jusqu’en 2055, se voit céder définitivement les baux à construire pour 102 millions d’euros.
« La ville n’a pas vocation à être propriétaire d’espaces commerciaux et les Halles ne seront jamais autre chose qu’un centre commercial. Nous vendons dans l’intérêt général, comme nous l’avons fait pour le centre commercial Beaugrenelle », se justifie Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris en charge de l’urbanisme ».

Unibail s’engage en force dans la rénovation des Halles à Paris - Les Echos – 25 octobre 2010

A signaler également : 

Un fonds de péréquation financière de 400 millions d’euros entre « départements riches » et « départements pauvres » va être mis en place dans le cadre de la loi de finances pour 2011. Alimenté par une partie des nouvelles recettes sur les droits de mutation, il bénéficiera à 57 départements. « Ce principe de « péréquation horizontale », par opposition à la « péréquation verticale », qui fait jouer la solidarité sur les concours financiers de l’Etat, sera opérationnel dès l’an prochain au niveau des départements. En attendant qu’un tel système de solidarité financière s’applique également entre les intercommunalités et ce, en 2012, si tout va bien ».

« Le budget va imposer un effet de solidarité entre les départements » - Les Echos – 4 novembre 2010

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