Vers une ville bottom-up ?
Dans un précédent billet, nous montrions l’importance de l’aval dans les processus de fabrication de la ville à travers deux exemples : celui du transport public avec la mise en place de nouveaux services de mobilité, et celui des nouvelles technologies, avec de plus en plus d’applications internet développées par les habitants eux-mêmes, au service de l’intérêt général. Nous y décelions là l’indice de l’émergence d’un nouveau modèle de production urbaine : après avoir été décidée par les pouvoirs publics (logique descendante, du haut vers le bas, « top-down »), puis coproduite, la ville serait désormais de plus en plus fabriquée par l’usager (logique ascendante, du bas vers le haut, « bottom-up »).
Un nouvel exemple nous est donné cette semaine par The Economist : il s’agit du domaine de l’électricité. Pour un tiers de la population mondiale, l’accès à l’électricité est inexistant ou très médiocre. Comme ces pauvres énergétiques (« energy poor ») habitent principalement dans des zones rurales ou aux franges des villes, le coût de leur raccordement est prohibitif. Mais, parallèlement, le coût des technologies permettant de produire soi-même sa propre électricité (panneaux solaires ou LEDS) diminue rapidement. Aussi, il se pourrait que les pays en développement « sautent » l’étape du modèle centralisé de fourniture d’énergie et mettent en place des systèmes de production énergétique très locaux.
Il s’agirait là d’un nouvel exemple de « leapfrogging » (littéralement « saut de grenouille ») : ce terme est de plus en plus souvent utilisé s’agissant des pays en développement et du développement des nouvelles technologies. Exemple : le téléphone mobile a permis aux pays en développement de « sauter » l’étape de la technologie du 20ème siècle – la ligne fixe – et d’atteindre directement la technologie mobile du 21ème siècle.
Les étapes – économiques, techniques, humaines – à franchir pour permettre un tel système décentralisé sont nombreuses, mais l’exemple de l’essor du téléphone mobile montre qu’elles peuvent être levées rapidement…
“Power to the people” – The Economist – September 4th 2010