La Direction de la Prospective et du Dialogue Public (DPDP) du Grand Lyon a lancé en 2018 un chantier d’études sur les réalités vécues par les personnes sans-abri, en analysant leurs besoins, leurs usages et leurs conceptions de la vie à la rue.
La synthèse qui vient d'être publiée (téléchargeable sur le site de Millénaire ou sur notre page Publications) conclut plus d’un an de recherche de la Direction de la Prospective (Jean-Loup Molin et Nicolas Leprêtre) et d’une équipe de veilleurs (Margot Baldassi et Philippe Gargov, David Chevallier, Benjamin Pradel, et nous).
Elle se compose de 25 enseignements, listés ci-dessous et détaillés dans l'étude.
Prendre acte du phénomène : Définir, repérer et se représenter le sans-abrisme
- Les profils des sans-abris sont très hétérogènes, ce qui confirme que la figure du « sans-abri moyen » n'existe pas
- Puisque le thermomètre national est cassé, le données s'organisent au niveau local
- Le manque de connaissance sur les personnes sans-abri complexifie leur accompagnement
- L'imaginaire collectif lié aux sans-abri mobilise nombre d'idées reçues
- Selon l'imaginaire collectif, les aides pourront apparaître plus ou moins légitimes
- L'empathie vis-à-vis du phénomène se cristallise autour du mobilier anti-sdf et de la condition de vie des enfants
- Si l'empathie se manifeste vis-à-vis de ces publics, un rejet est également bien présent
[Sur]vivre dehors : Lieux de couche, invisibilisation et rapport au corps
- L'expérience de [sur]vivre dans la rue n'est pas la même dans l'hyper-centre que dans les périphéries
- Le lieu de couche a une fonction anthropologique forte pour les personnes sans-abri, même s'il ne faut pas réduire leur vie à ce lieu
- Les stratégies d'invisibilité et de visibilité sont au cœur de la pratique de la rue
- « Aller » vers les personnes sans-abri pour les accompagner est un défi à relever
- Le rapport au corps est révélateur de la violence d'une [sur]vie dans la rue
- La « préférence » de vivre dans la rue crée un malaise même si elle peut s'expliquer
Répondre aux besoins
- Un centrage s'opère sur la réponse aux besoins spécifiques à chaque profil
- La diversification des besoins permet de reconnaître des besoins liés à la dignité de la personne, jusqu'alors vus comme « périphériques »
- La réponse aux besoins ne passe pas que par une offre publique et associative
- La grande hiérarchie des profils interroge la proportion entre offre dédiée et universelle
Organiser l'aide aux sans-abri : Un écosystème d’acteurs en mutation
- Entre nouvelles associations, entreprises et initiatives citoyennes, les acteurs au contact des sans-abri se multiplient
- Le numérique apparaît comme un levier encore émergent d'une « multitude » au service des sans-abri
- Alors que les acteurs se multiplient, le tissu associatif historique est en mutation
- La démultiplication des prises en charge pose la question de la coordination et de la formation
- N'est pas acteur de l'accompagnement qui veut
- Chaque dispositif porte un poids symbolique à prendre en compte
- La représentation et l'écoute des sans-abri n'en sont qu'à leurs balbutiements
- Le travail social à destination des personnes sans-abri est en perte de sens.
A signaler également sur ce sujet la publication récente de Julien Damon : "La question SDF" (ici).
A lire également : le dossier de Métropolitiques : ici.
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