Plasticité, incertitude et urbanisme à la hollandaise
Décidément, et c’est une chance, les urbanistes hollandais sont à l’honneur dans les projets du Grand Paris.
Hier, Rem Koolhaas (OMA) donnait une conférence au Pavillon de l’Arsenal, sur son projet pour l’Ecole Centrale à Saclay.
Et la semaine dernière, lors du SIMI, l’Etablissement public d’aménagement Orly Rungis Seine Amont (EPA ORSA) a annoncé le choix des urbanistes retenus sur chacune de ses ZAC. Sur la plus importante des deux ZAC, la ZAC Gare Ardoines (1 million de mètres carrés, soit l’une des plus importantes ZAC de France), l’équipe lauréate est composée de Star Strategies (Beatriz Ramo) et FAA (Floris Alkemade, ancien directeur de projet chez OMA).
Le projet de Star nous semble extrêmement stimulant car emblématique d’une manière de concevoir des projets urbains ambitieux dans un contexte de fortes incertitudes, notamment du fait de la crise, mais plus largement du fait des aléas inhérents à tout projet important de renouvellement urbain. Ce projet prend acte du fait que dans le contexte économique et politique actuel, des approches de forces majeures descendantes seront vouées à l’échec, et l’enjeu est surtout de penser le projet urbain comme une stratégie qui permet de faire face à des forces que l’on ne contrôle pas.
Lors du SIMI, Floris Alkemade a ainsi expliqué que, désormais, « l’urbanisme est devenu l’art de composer avec l’incertitude » : « l’essentiel ce n’est pas dans les éléments que l’on peut contrôler mais dans des forces qu’on ne contrôle pas, qui viennent et ne font pas forcément partie du projet ».
Un autre élément très intéressant est que, pour Star, la complexité se résout par le projet : c’est l’ensemble des contraintes (résilience, pollution, présences d’entreprises…) qui structurent la conception du projet, et non pas une certaine conception de l’urbanité.
Le projet de Star peut ainsi être vu comme un projet urbain en phase avec les nouvelles modalités de la fabrique urbaine, marquées par le renouvellement urbain, la contrainte financière (cf. ici), la recherche d’une sobriété de moyens. Dans ce contexte, la vision et l’agilité permettent de composer avec ces nouvelles contraintes pour porter des projets urbains ambitieux. Il rejoint ainsi ce que nous présentions lors du colloque Governing the Metropolis (ici et ci-dessous).