Nouvelles logiques urbaines

Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer la mise en place de nouvelles logiques de production de la ville, sous l’effet d’une triple émergence : un nouveau contexte urbain, de nouveaux acteurs, et de nouvelles technologies.

L’exemple d’ERG, entreprise spécialisée dans la billettique de transports, est à cet égard significatif. Elle vient en effet de gagner un contrat de PPP avec le Syndicat Mixte des transports collectifs de l’Oise (SMTCO) pour un système intégré de services à la mobilité, en partenariat avec Cityway (filiale de Veolia Transport). Concrètement, en 2012, les habitants de l’Oise auront une carte à puce unique pour voyager sur les cars départementaux et régionaux, les bus urbains, les minibus et véhicules légers de transport à la demande. Le département prévoit aussi de créer une centrale d’information et de réservation de tous les autres modes de transport disponibles (covoiturage, taxis, transports à la demande).

Cet exemple illustre plusieurs mouvements de fond.

©PASMO

Le premier, c’est l’importance de l’aval dans le processus de production de la ville. Dans la chaîne de création de valeur, l’interface avec le client (billets, informations) devient de plus en plus stratégique. On retrouve ici l’idée d’une évolution d’une approche « offre de produits » vers une approche « solution ». L’individu, qui voyage de plus en plus à l’échelle de l’agglomération, utilise plusieurs modes (bus, métro, vélo…) et souhaite que cela se fasse de la manière la plus simple possible. Pour lui, peu importe que ces modes de transport soient exploités par différents opérateurs, ce qui compte, c’est l’usage qu’il en a.

Ainsi, c’est le deuxième mouvement de fond, on assiste à une sorte d’ « intercommunalité à l’envers » : c’est par l’aval que se gère désormais la coordination des politiques de transport (on nous objectera que c’est un syndicat mixte des transports qui a lancé ce PPP, mais c’est bien qu’il s’agit de rattraper une inter-collectivités qui ne s’était pas faite plus en amont).

Dans ce contexte – c’est le troisième point-clé -, les entreprises des nouvelles technologies sont à l’avant-garde de l’évolution en cours. Elles sont ainsi progressivement en train de rentrer dans le champ de l’urbain. En permettant l’inter-opérabilité (faire en sorte de coordonner différents opérateurs de transport), elles deviennent les nouveaux ensembliers urbains.

Parallèlement, elles permettent l’émergence de nouveaux services qui rapprochent les citoyens des gouvernements. Ainsi, selon Businessweek, les « Dot-Gov Sartups » seront à l’origine du prochain boom d’Internet : de plus en plus d’entreprises numériques proposent des applications qui permettent de capitaliser sur des données produites par des internautes afin d’améliorer les services publics. Les exemples cités sont américains, mais en France, de nombreuses collectivités font déjà appel à de tels services, comme Rennes, avec Keolis, ou Nantes.

Ainsi, de même que l’i-phone devient la porte d’entrée des applications développées par les autres acteurs, qui sait si, demain, Google, ne sera pas l’un des principaux fabricants de l’urbain ?

Les Echos – 27 mai 2010 – Transports : ERG France associe billettique et PPP.
Bloomberg Businessweek – May 31 – June 6, 2010 – The Next Internet Boom: Dot-Gov Startups