Microsoft versus cadastre
C’est un superbe travail qu’ont publié vendredi les Echos avec La Fabrique de la Cité : une carte de France uniquement composée de l’ensemble des bâtiments du pays.
Ce travail s’inspire de celui qui a été réalisé par le New-York Times : ici.
Mais alors que la carte française utilise les données du cadastre, la carte américaine a été s’appuie sur les données de… Microsoft. “Les ingénieurs informaticiens de la société ont formé un réseau de neurones afin d’analyser l’imagerie satellitaire, puis de tracer la forme des bâtiments à travers le pays. Ces informations étaient déjà disponibles dans certains endroits, mais il s’agit de la première base de données complète couvrant l’ensemble des États-Unis”.
En effet, alors que la plupart des pays avec des économies développées peuvent compter sur des systèmes cadastraux, “ce n’est pas le cas aux Etats-Unis. La fragmentation administrative, l’une des caractéristiques du système politique du pays depuis sa fondation par le souci d’éviter l’absolutisme en équilibrant les pouvoirs, fait que souvent l’accès aux données cadastrales, simple a l’échelle nationale en Espagne ou en France, requiert des connaissances locales aux Etats-Unis.” (source : ici)
Quant à savoir pourquoi l’organisation territoriale américaine peut donner l’image d’un pays tout carré, ici, voici un début d’explication :
Au moment de la première conquête de l’Ouest, “les 13 Etats formés à partir des anciennes colonies avaient déjà été ”arpentés” en s’inspirant de la méthode traditionnelle séculaire importée d’Angleterre, le Metes and bounds avec des repères du genre ”en partant du gros chêne bifide qui se trouve sur la rive Est du ruisseau....” poétiquement rural mais peu adapté à la conception de visionnaires comme Jefferson pour qui la perspective de développer les territoires de l’autre côté des montagnes nécessitait une approche innovante et logique.
Contrairement à, par exemple, l’Europe qui s’était d’abord peuplée et avait ensuite procédé à l’arpentage à mesure que cela devenait nécessaire, des esprits comme Jefferson décidèrent donc d’implanter d’abord une grille mathématique de repérage sur l’ensemble des terrains à distribuer et à vendre c’est à dire à peupler, compris dans un premier temps entre Appalaches et Mississipi puisque au delà on entrait encore à cette époque -bien que pas pour longtemps- dans des possessions étrangères.
C’est donc en 1785, avant qu’en France on établisse le cadastre napoléonien, qu’est passée un loi stipulant que :
les nouveaux territoires seront couverts d’une grille carrée de 6 miles de côté définissant des ”townships” de 36 miles carrés. Ces ”townships” étant à leur tour divisés en 36 ”sections”des carrés de chacun 1 mile de côté (soit 640 acres). …
Source : L’Amérique au carré : du cadastre Jefferson au Quadrangle, l’art agricole Midwest et Manhattanhenge