Ma rue depuis ma fenêtre
Nous avions déjà présenté la façade de notre immeuble (50 rue Richer) à la fin de notre billet sur le roman « La Grande Arche » de Laurence Cossé, en écho à la description que l’auteur donne du 57 rue de Turbigo (qui abrite les locaux d’Une fabrique de la ville).
(Signalons au passage le merveilleux court-métrage d’Agnès Varda, « Les dites cariatides », que Guillaume Hébert nous avait alors fait découvrir. Confinement oblige, on aurait d’ailleurs pu penser que les statues seraient les seuls humains des rues, mais force est de constater qu’on ne croise pas que des êtres de pierre).
On profite cette fois-ci du confinement (et de l’épisode 5 de “A travers les villes en crise”) pour inverser le regard et décrire notre rue depuis notre fenêtre du 4ème étage.
(Vidéo 29 minutes : “A travers les villes en crise – épisode 5”)
Le 50 rue Richer est un immeuble qui se trouve dans le 9ème arrondissement de Paris, près des Folies Bergère, entre le Grand Rex, la salle des ventes de Drouot et le Musée de la franc-maçonnerie. On voit sa localisation sur la carte ci-dessous (qui indique notre périmètre de sortie sportive autorisée – via la mesure d’isodistance du site Géoportail).
La rue Richer a souvent l’honneur d’être citée dans les biographies de la capitale (par exemple dans « Paris, deux mille ans d’histoire », de Jean Favier – Fayard) car elle a été construite sur le « Grand égout », à ciel ouvert, de Paris.
Le tracé de celui-ci figure par exemple dans cette carte de 1550.
Le tracé de ce grand égout figure encore sur la carte isodistance (Géoportail toujours !) appliquée à la carte de Cassini (vers 1750). (Le mot « Egout » figure juste sous l’épingle)
Le lien entre ce Grand égout et la rivière sous l’Opéra qu’évoque Gaston Leroux dans son Fantôme de l’Opéra, et d’où s’échappent en barque Bourvil et de Funès dans la Grande Vadrouille, reste à démontrer (ici). Toujours est-il que l’égout est canalisé au XVIIIe et recouvert en 1766. La ruelle prit alors le nom de Jean-Charles Richer, échevin de Paris en 1780. C’est à cette époque que commencèrent à être construits les immeubles qui la bordent, dont le nôtre.
Mais revenons à la vue depuis notre fenêtre, et notamment à l’immeuble 45 rue Richer. Avec une question : de quand date-t-il ?
Nous avons la chance d’avoir un guide précieux : « Paris XIXème siècle » de François Loyer (Editions Hazan).
Il nous donne plusieurs indices.
Notre hypothèse : vers 1840. Si quelqu’un a la réponse, qu’il nous corrige !
Demain, nous passerons à l’immeuble d’à-côté !
Bon, on l’avoue, il n’y a pas que la façade d’en face que l’on regarde. Car, à l’angle avec les rues de Provence et du Faubourg-Montmartre…
…. se trouve la plus ancienne chocolaterie de Paris : la Mère de famille, installée ici depuis 1760 (ici).
Vivement qu’elle ré-ouvre !
NB : En attendant, quelques extraits du livre de François Loyer sur l’épidémie de Choléra de 1832 et ses conséquences sur les rues de Paris, et, encore en-dessous, une frise chronologique.
Egalement, ce schéma qui montre la création des grands réseaux d’infrastructure, où figure l’épidémie de choléra de 1832 (schéma que nous avions fait figurer dans un précédent billet sur le trottoir : ici).
Nb : Rajout de mars 2021 : les trottoirs de la Rue Richer depuis notre fenêtre :
Pour plus de commentaires sur ce schéma, c’est : ici !