Les API, briques de la ville intelligente
L’article des Echos publié ce jour à l’occasion des API days (!) permet une compréhension très claire d’une technologie à la base de la révolution numérique : les API (= Application Programming Interface = interface de programmation).
Extraits (c’est nous qui soulignons) :
L’API est une interface qui permet à deux sociétés de faire communiquer leurs applications de manière automatisée et programmable. Leur existence n’est pas nouvelle : Facebook et Google ont bâti une grande partie de leur succès sur l’ouverture de leurs API aux développeurs d’autres sociétés. En 2006, le réseau social de Menlo Park décide de leur permettre de se « brancher » sur son « social graph », ce qui leur donne accès à la totalité du réseau d’amis d’un utilisateur.
Des sociétés de jeux vidéos comme Zynga décollent grâce à ce choix, qui permet à Facebook de se transformer en plate-forme agrégeant des services qui lui aurait été coûteux de construire seul et de récupérer des données précieuses. « L’intégration du bouton Facebook – qui est un API – sur tous les articles des médias en ligne lui donne par exemple accès au parcours du lecteur sur le site, explique Romain Huet, le responsable des relations avec les développeurs de la start-up de paiement Stripe. Cela lui permet de mieux cibler ses publicités : si vous avez lu un article sur la réalité virtuelle, vous risquez de voir apparaître une pub pour ce type de produit dans votre feed ». Même principe pour Google Maps, qui en s’intégrant à des applications de VTC comme Uber, multiplie les trajets sur sa plateforme et peut ainsi améliorer son algorithme. « Les API sont les nouveaux brevets : un actif qu’on décide de licencier à certaines conditions », résume Mehdi Medjaoui, l’organisateur de cette conférence créée en 2011.
C’est à cette époque qu’une nouvelle vague de start-up, qui ont pour seul produit une API, se mettent à apparaître. « Jusqu’ici, les API étaient créées comme une fonctionnalité supplémentaire permettant à une société B2C d’étendre l’empire d’un produit déjà existant, réseau social ou e-commerce, résume Romain Huet. Désormais elles sont créées pour permettre à d’autres sociétés de se lancer. » Stripe avec le paiement, Twilio pour les communications par voix et SMS, Mailjet avec des campagnes d’e-mails ciblés, DocuSign pour la signature électronique, Algolia pour le moteur de recherche interne du site, Checkr pour la vérification des qualifications d’un candidat… Toutes ces sociétés proposent des briques qui, empilées les unes aux autres, permettent aux entrepreneurs d’automatiser les fondamentaux d’une entreprise.
« Les développeurs n’ont plus besoin de tout coder de A à Z et peuvent ainsi se concentrer sur le coeur du produit qu’ils sont en train de développer », estime Romain Huet. Il leur suffit de payer l’API comme un service – en versant une commission sur chaque transaction pour Stripe, ou en souscrivant un abonnement mensuel pour Algolia… Ainsi, alors qu’Uber a dû embaucher des dizaines de salariés pour s’occuper des paiements à ses débuts, Lyft, arrivé quelques années plus tard sur le même marché, n’a qu’une équipe de 2 personnes consacrée aux paiements.
Ces API contribuent à une baisse considérable des barrières à l’entrée pour les start-up. Selon CB Insights, le coût pour arriver à un produit minimum viable était de 350.000 dollars en 2005, contre… 4.000 dollars en 2011 ! Le temps nécessaire pour grossir a également diminué, selon les données du fonds de capital-risque londonien Atomico. Ainsi, pour atteindre 100 millions d’utilisateurs, les entreprises créées entre 2003 et 2009 ont eu besoin de soixante-douze mois, contre vingt-cinq pour celles nées après 2009.
Selon un sondage effectué auprès de 311 start-up britanniques en juin par Stripe et Tech City UK, les entrepreneurs déplorent encore le manque d’API de qualité dans les secteurs de la cybersécurité et de la réglementation. Mais ça ne devrait pas tarder, vu l’intérêt des investisseurs pour ces sociétés : « Ce sont des entreprises très rentables, car elles peuvent “scaler” à un coût marginal nul : c’est du self-service, il suffit d’une documentation bien faite et du bouche-à-oreille pour que les développeurs utilisent votre API », conclut Mehdi Medjaoui.
Source : Comment le boom des API a accéléré la création de start-up – Les Echos – 13 décembre 2016
A lire également nos précédents billets :
– Plateformes, territoires et services publics
– Vers la ville intelligente. Ou comment Sequano Aménagement anticipe sa pratique d’aménageur
– Débat-vidéo sur les smart cities