Nous avions adoré le roman "La Grand Arche" de Laurence Cossé. Nous avons éprouvé le même plaisir à écouter son auteur lors de la dernière conférence du "5 à 7" du Club Ville et Aménagement, le 16 novembre dernier.
Merci au Club qui vient de mettre en ligne la vidéo, et le compte-rendu des échanges (ici).
Extraits :
Premièrement je savais que l’architecte était sorti d’un anonymat complet en gagnant le concours contre toute attente et je savais que peu de temps après il était mort sans jamais avoir vu l’arche. C’est le cœur du sujet, ce qui m’a mise en marche : la proximité de la gloire et de la mort, cette gloire très pure, assez rare et qui ne doit rien à l’intrigue puisque le concours était parfaitement anonyme - et puis la mort.
C’est ça mon sujet. Je voulais d’ailleurs appeler ce livre Mort d’un architecte. Le titre est la propriété de l’éditeur qui dit toujours, quand il prend un manuscrit, « le titre, il faut en discuter ». A ce moment-là, on se met à discuter et rapidement on a trois pages de possibles titres. Finalement, c’est La Grande Arche qui a été retenu. Ce titre a l’avantage de ne pas être de mauvais goût, mais j’aurais préféré un titre qui incarne la personne de l’architecte. Mon sujet était le destin si particulier de cet homme qui connaît une forme de gloire tout à fait inattendue, très grande et très belle, et qui ne fera qu’en souffrir, peut-être jusqu’à en mourir. Donc j’aurais aimé que l’on choisisse Mort d’un architecte, L’architecte inconnu, quelque chose qui incarne l’architecte. Finalement ça a été La Grande Arche.
Plus je me suis approchée de ce personnage, plus je l’ai trouvé à la fois attirant, complexe jusqu’à la contradiction et extrêmement subtil. J’ai dû regarder une centaine de fois le film de Dan Tschernia, le film pour la télévision, et à chaque fois je découvre de la complexité. J’ai découvert assez récemment que Spreckelsen ment dans ce portrait : c’est étonnant, c’est un personnage très ambigu. Il apparaît là d’un charme extrême, drôle, joueur... Tout le monde en France m’a dit que c’était un personnage terrible, impressionnant, un pasteur nordique glaçant - et ne parlons pas de sa femme. C’était quelqu’un d’extrêmement complexe, et la complexité, c’est le terrain de jeu du roman. Le roman est là pour exposer la complexité jusqu’à la contradiction. C’est difficile dans d’autres ordres. Moi, quand on m’a donné des points de vue très opposés sur Spreckelsen, je les ai tous relatés. C’est intéressant de savoir que cet homme a pu paraître aux uns un glaçon et à d’autres le meilleur des patrons, le plus affable ; aux uns extrêmement rigide et à d’autres très gai. C’est intéressant. De même, on m’a dit des choses contradictoires sur sa femme. Cela me plaît : plus on regarde la réalité, plus elle apparaît complexe et le roman peut faire état de cette subtilité des choses.
Extraits du roman : ici.
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