Le financement des services urbains est davantage une question de lunette que de calculette

Monsieur le maire, quel est votre modèle économique ?” nous demandions-nous, avec nos collègues de Partie Prenante et d’Espelia à l’occasion du Salon des Maires qui faisait suite à l’annonce d’une baisse importante des dotations de l’Etat aux collectivités. C’était en…. 2016, mais 8,5 ans après, nous pourrions reposer la même question. Ou plutôt nous la formulerions ainsi : “Monsieur le maire, quel est le modèle économique de vos services urbains ?” (la proportion de femmes parmi les maires est de 19,8%, donc pas d’écriture inclusive cette fois-ci).

Alors que, ce mois de novembre 2024, les associations d’élus locaux s’expriment haut et fort contre l’« attaque sans précédent contre les budgets locaux » que constitue le projet de loi de finances 2025, une autre évolution, à bas bruit, pourrait tout autant, sinon plus, déstabiliser les finances locales : la baisse des quantités consommées et facturées, notamment dans les services urbains d’eau, déchets, énergie.

Extrait d’un article à paraître prochainement dans la revue Futuribles, en lien avec la saison de notre étude sur les Nouveaux modèles économiques urbains, financée par l’Ademe, le PUCA et la Banque des Territoires :

Par-delà la diversité des situations locales et sectorielles, force est de prendre conscience du changement de paradigme a lieu : la baisse des quantités consommées doit être considérée comme une nouvelle donne prospective pour penser le modèle économique des services urbains. Cette baisse est déjà largement amorcée ici ou là ; ailleurs, on ne sait pas forcément quelle sera son ampleur ni à quel moment elle aura lieu, mais cet aléa sobriété doit désormais être pris en compte. Le risque est que les collectivités se retrouvent confrontées à un effet de ciseau entre des recettes en baisse (du fait de la réduction des consommations par habitant) et des charges qui restent fixes voire augmentent. L’identification de changement de paradigme est déjà la première étape pour éviter que l’impact sur le financement des services urbains ne soient trop vif, et des pistes de solutions existent. Mais nous voudrions ici insister sur trois certitudes ou croyances qui méritent d’être réinterrogées, car lorsqu’on chausse les nouvelles lunettes qui permettent de regarder la réalité telle qu’elle est et non telle qu’elle était, l’évidence se transforme en paradoxe :

Le paradoxe infrastructurel : lorsque le réseau sert à se financer lui-même

Le paradoxe de l’investissement : lorsque le risque est de financer de futurs actifs échoués

Le paradoxe de la continuité : lorsque le service urbain « coûte que coûte » devient insoutenable.

Voir aussi : “Anticiper les effets de ciseau dans le financement des services urbains“, interview de Nicolas Rio (Partie Prenante) pour Intercommunalités de France.