Extraits :

600 millions d’Africains ont un téléphone mobile ! Et pour un quart, il s’agit de smartphones. Et puis, les Africains utilisent des applications très innovantes. Le Kenya est, par exemple, très en pointe sur le paiement sans contact par mobile. Les agriculteurs du Sahel reçoivent des informations météo sur leur téléphone, le boutiquier nigérian y suit sa facturation et archive ses données comptables dans le cloud… C’est ce que les historiens économistes appellent “l’avantage de l’arriération” : le fait d’avoir pris du retard permet de sauter certaines étapes et d’adopter immédiatement les technologies les plus avancées, en dépassant ainsi les populations qui ont, elles, un héritage technique.

On fera de la robotique chirurgicale plus rapidement en Afrique qu’en Europe parce qu’on n’a pas de blocs opératoires. Idem pour la télémédecine, qu établit les diagnostics à distance, parce qu’il n’y a pas assez de médecins et que des régions sont trop enclavées. On utilisera des énergies renouvelables, avec des réseaux intelligents, plus vite dans les villages du Sahel que dans les campagnes européennes, parce que l’Afrique ne dispose pas de réseau électrique centralisé ni de système de transport d’énergie. 90% des communautés rurales en Afrique n’ont pas l’électricité !

Oui, (les Africains vont finir par être en avance sur le reste du monde), parce qu’ils ont besoin des dernières technologies. Dans le regard européen, il reste ce sentiment historique de supériorité qui pousse à proposer un produit de l’avant-dernière génération au consommateur africain. L’idée, c’est : on va leur donner la technologie d’avant-hier, ce qui sera toujours mieux que ce qu’ils ont, c’est-à-dire rien ! Mais l’Afrique n’est plus un musée d’occasion… Evidemment, quand on se promène dans une rue africaine, on n’a pas l’impression que c’est un laboratoire de technologies de pointe. Certaines techniques ont l’air de ne pas avoir changé depuis le néolithique, mais tout le monde a son téléphone dans la poche. On n’a pas l’électricité, mais on recharge les portables avec un panneau solaire.

Le continent va devoir installer un milliard de nouveaux urbains en une génération. Ce que l’Afrique va faire, personne ne l’a jamais fait…

Dans l’Histoire, les ruées vers l’or ont quand même été assez décevantes. Il en reste beaucoup de villes fantômes ! Il ne faut pas s’enthousiasmer trop vite. Avoir une croissance forte, c’est parfois dangereux. Il peut y avoir de la surchauffe ou des phénomènes de bulle. Au Ghana, par exemple, les conséquences de la croissance très forte, à deux chiffres, se traduisent dans des déséquilibres : hyperinflation, déficit budgétaire, monnaie en baisse. Autre exemple : au Nigeria, le foncier à Lagos coûte dix fois le prix de celui de Cotonou ! Et il n’y a que 100 kilomètres entre les deux villes… Comme à Luanda, capitale de l’Angola, qui est devenue la ville la plus chère du monde.

Voir aussi notre précédent billet : ici.