La Défense, dictionnaire et atlas
Les Editions Parenthèses viennent de publier un dictionnaire de la Défense, centré sur l’architecture et la politique, accompagné d’un atlas. Ce dictionnaire a été établi sous la direction de Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefevre. Nous y avons rédigé 9 notices :
– adresse postale
– crises
– économique (modèle)
– finance / financiarisation
– investisseurs immobiliers
– promoteurs
– propriété foncière
– Unibail
– volumes (division en).
Extrait de la notice “finance / financiarisation” :
Dans son livre Form follows finance (New York, Princeton Architectural Press, 1995), Carol Willis démontrait l’hypothèse que l’architecture de Chicago et New-York découlait de considérations financières. L’étude reste à faire dans le cas de La Défense, mais plusieurs indices accréditent l’idée que la finance – entendue dans le double sens des logiques des investisseurs financiers et des mécanismes financiers – serait à la fois le principal urbaniste et le principal architecte du quartier d’affaire. La Défense serait alors l’incarnation française de la financiarisation de la ville, dans le sens où ses formes architecturales et urbaines seraient principalement liées à des causes financières plus que techniques, esthétiques, politiques ou réglementaires.
Extraits de la notice “économique (modèle)”:
Envisagée au départ comme une opération d’aménagement presque classique, La Défense comprend néanmoins un élément spécifique, lié à la gestion du site. Dans les cas les plus courants, l’aménageur a vocation à disparaître une fois les terrains aménagés : les parcelles vendues à des promoteurs ou des investisseurs leur sont définitivement acquises, et les équipements publics, notamment les voiries, sont rétrocédés à la commune sur laquelle se trouve l’opération. Or, dans le cas de l’EPAD, ce transfert aux collectivités n’a pas été fait, ce qui fait que l’EPAD a longtemps exercé un rôle d’exploitant en sus de son métier d’aménageur : il assure la gestion quotidienne de la Défense, “balaye les espaces publics, entretient les parterres de fleurs, gère les parcs de stationnement, fait fonctionner les ascenseurs et les escalators, efface les graffitis”.
La rentabilité de La Défense, tout comme sa gestion, soulève la question de l’échelle pertinente pour apprécier le modèle économique en place. Répondre à cette question suppose au préalable de se demander si la Défense est d’abord un projet local ou un projet régional ou national. La difficulté, c’est qu’elle est justement les trois à la fois. A défaut de donner une réponse définitive, laissons le dernier mot à Robert Auzelle : « On peut se demander si l’on aurait entrepris cette opération si l’on avait été conscient de son coût global. Parfois je pense qu’il en est, toutes proportions gardées, de La Défense comme de Versailles du Grand Roi ».
Extrait de la notice “adresse postale” :
Même si leur adresse géographique est à Puteaux, Courbevoie ou Nanterre, l’adresse postale des entreprises implantées à La Défense est « Paris-La Défense cedex ». Par exemple, le siège administratif de la Société Générale a son adresse géographique « 17 cours Valmy – La Défense 7 – 92800 Puteaux », mais son adresse postale « 17 cours Valmy – 92972 Paris La Défense Cedex ». Ceci n’est pas spécifique à La Défense. Une norme précise décidée par La Poste, qui prévoit que pour certaines zones d’activité couvrant plusieurs communes, le nom de la zone fait office de localité de distribution.
Extrait de la notice “volumes (division en)” :
En effet le principe juridique fondamental qui prévaut généralement en matière de propriété est que « la propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous » (article 552 du Code Civil). Or, très vite, lors de la conception des premières tours du quartier d’affaires, il est apparu qu’un certain nombre d’exigences fonctionnelles étaient incompatibles avec ce principe.
Tout d’abord, du fait de l’imbrication, sous la dalle, de l’infrastructure relative aux bâtiments, les locaux annexes de chaque tour en infrastructure ne pouvaient être réalisés en totalité dans leur emprise foncière et se poursuivaient dans l’emprise d’autres tours.
De plus, l’imbrication d’équipements publics au sein d’immeubles privés se heurtait au principe de l’incompatibilité du Domaine Public avec le statut de la copropriété – qui était jusqu’alors le principal mode d’organisation juridique pour répartir la propriété d’un immeuble entre plusieurs propriétaires. En outre, la copropriété nécessite une connaissance définitive des immeubles, puisqu’il faut répartir la propriété indivise des parties communes entre tous les lots, ce qui n’était pas le cas à La Défense où les tours n’étaient conçues qu’au fur et à mesure de la commercialisation des droits à construire par l’aménageur.
C’est donc à l’occasion de l’aménagement de La Défense que la technique de la division d’immeubles en « volume » a ainsi été développée à partir de 1962, par le notaire Maître Thibierge et par Jean Cumenge, directeur juridique de l’EPAD.
Le dictionnaire a été traduit en anglais. Voici quelques extraits :
“Densification as economic model
With the passage of time – and again staying with Zone A – the focus of the development process has evolved towards becoming an exercise in urban regeneration, in wich it was a watter of rebuilding La Défense on its existing site. Such was the objective of the 2006 Renewal Plan, which envisaged 450.000 m2 of additional net floorspace being built within Epad perimeter, 300.000 m2 in the form new buildings on sites either vacant or becoming vacant and 150 000 m2 through demolition and subsequent rebuilding”.
Voir aussi le billet sur “la ville des promesses”
Voir aussi le billet sur “L’Hôtel de la Marine, symbole de la financiarisation de la ville ?”