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"Substitution de dénomination"

L’odonymie est décidément pleine de surprises. De nombreuses rues du 9ème arrondissement de Paris, qui portaient le nom d'abbesses de Montmartre, avaient révélé leurs prénoms en 2021 (suite au « Réinventons les noms des rues du Grand Paris »). Depuis, une autre forme de féminisation des noms de rues a eu lieu. La rue Rodier était ainsi nommée du nom de Jean-Baptiste Rodier, sous-gouverneur de la Banque de France au 18ème siècle et propriétaire des terrains (liste de rues se référant à un nom de propriétaire foncier). Désormais, depuis février 2024, la voie affiche un prénom féminin (épicène !), mais d’une personne homonyme, celui de la résistante française Claude Rodier (1903-1944) (dont l’histoire nous ramène à l’Auvergne et aux mines de kaolin). Elle rejoint ainsi quatre autres résistantes, qui remplacent des hommes dont elles portent le même patronyme (Pauline Jacquier, Marguerite Gonnet, Marguerite Moret et Anne-Marie Bauer)... sans effacer leur dénomination actuelle. "Une méthode inventive au bénéfice des habitants, dont l'adresse ne change pas"  explique la ville de Paris (c'est une "substitution de dénomination").

La rue de Vintimille, aussi dans le 9ème arrondissement, est quant à elle nommée d'après une épouse de propriétaire, mais il ne semble pas que ce soit un effet de féminisation de nom de rue.

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"La boule à neige a le désir fou de contenir la méchanceté du monde" (Patrick Boucheron)

"Un historien et un metteur en scène qui se retrouvent sur scène pour parler boules à neige". Il paraît que le spectacle au TNB de Rennes en 2020 était magnifique ! "Si vous aviez pris place le 18 novembre à 19h tapante dans l’espace circulaire aménagé pour vous au Musée des beaux-arts par les volontés conjuguées d’un historien médiéviste, Patrick Boucheron, et d’un metteur en scène contemporain, Mohamed El Khatib, vous vous seriez sans doute transformé·es en Reine d’Angleterre, en Tour Eiffel, en Mont Saint-Michel ou en sapin de Noël. Rien ne dit par ailleurs qu’à l’issue de cette performance située à la lisière du théâtre, quelque part entre conférence savante et improvisation ludique, vous n’auriez pas été recouvert·es d’une avalanche de flocons blancs tandis que se refermait au-dessus de vos têtes une bulle de verre transparent" (Joëlle Gayot).

"La boule de neige est certainement le témoin d'une époque, mais laquelle ? Elle tente de protéger humblement, de manière frêle et délicate, un souvenir. C'est la mise sous cloche d'un fragment du passé, d'un pays, d'une personnalité. En même temps, elle a à voir avec l'avenir".

"Une boule à neige, c'est une ville emprisonnée avec ses symboles monumentaux et touristiques. Avec cette ville sous cloche, il y a l'idée que s'emprisonne un rapport au passé et à l'immensité du monde, mais aussi ce désir fou de contenir la méchanceté du monde".

Patrick Boucheron sur France Culture le 23 décembre 2020 (7 minutes)

Voir la vidéo "Spectacle boule à neige". Lire aussi l'interview de Mohamed El Khatib. Merci à Antoine Cam (un éditeur heureux !) d'avoir partagé cette référence à propos du projet de boules de neige sur les trottoirs sous la neige (qui reprend l'illustration du "défi du partage").

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"La parade de l'ombre" est un ballet des parasols sur un trottoir de West Palm Beach en Floride !

(voir la vidéo dans ce billet)

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" Jour, mois, année : le sol devient archive" (Antoine Séguin)

Dans la série "fixette", on adore l'éphéméride d'Antoine Séguin.

Depuis le 21 mai 2017, jour de mes premières photographies, l’idée de collecter 366 jours qui se suivent a germé peu à peu. Il a fallu ranger et classer plus de 1000 photographies afin d’identifier les quelques dates manquantes, les trouver peu à peu au grès de multiples marches les yeux rivés sur le sol, jusqu’à buter sur 5 dates, introuvables pendant des années. J’ai fini par demander à Touati, un ouvrier croisé durant mes recherches, de réaliser et photographier pour moi ces dates manquantes. Dans ma quête, j’ai rencontré Erwan Guerroué qui, le jour des anniversaires des morceaux de trottoirs, leur offre une parure de fête sous la forme d’un dessin abstrait et coloré. J’ai dû faire face à la frustration de ne trouver que des doublons, mais j’ai été amusé de découvrir que je possédais quatre 29 février dans ma collection. Il me manque les 8 jours fériés immuables, que je n’ai pas trouvés et dont l’absence rappelle leur importance. Finalement, cette éphéméride témoigne de 50 ans de travaux de voirie".

Et aussi :

"J’ai toujours vu cette vapeur à l’horizon, toujours. Elle sort des tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine [Jumelles 1]. À l’école primaire, on la visite la centrale, c’est notre monument. Depuis des années, j’en accumule des photos, parce qu’elles me sont familières ces tours. Je les photographie depuis 2011. Mon quotidien m’en a éloigné, mais je garde toujours un œil sur elles. Depuis que je vis à Paris, les Mercuriales [Jumelles 2] ont pris peu à peu une place centrale dans ma vie, les regarder dans la perspective d’une rue me fascine, peu importe si cela fait des centaines de fois. Ces constructions jumelles, mes monuments, ponctuent mon territoire, elles sont belles ces tours".

NB sur les jumelles et les sosies : récemment, un acteur star d’Hollywood s'est présenté à son propre concours de sosies et ne l'a pas remporté.

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Marcher sur les toits pour éviter les chewings-gum

Hasard des archives, on retrouve cet article de Marie-Douce Albert dans le Figaro du 28 octobre 1998 sur... le chewing-gum. Preuve qu'à près de trente ans d'écart, cette gomme à mâcher reste un fléau des trottoirs, au carrefour des enjeux de finances locales (ou de nouvelles sources de financement), de propreté urbaine et du "prendre soin" de la ville !

L'occasion de revoir le documentaire The dark side of the chew.

Parmi les solutions : l'enlèvement des chewing-gums à New-York. Ou le poteau à chewing-gum, fabriqué par les services techniques de la commune de Langueux en Bretagne. "L'opération consiste à inciter les enfants à coller leur chewing-gum sur le poteau, nommé « gum buster », avant de rentrer à l'école" (Source : Le Télégramme).

Ou encore.... marcher sur les toits :

« Dans les villes d’Asie Mineure autour du septième millénaire av. J.-C., le tissue dédalique d’habitations ne laissait aucune marge pour que les voies soient clairement tracées. Tout mouvement à pied évitait le sol naturel et s’effectuait, au contraire plus facilement sur les toits des maisons ». ("La marche plurielle : aménagements, pratiques et expériences des espaces publics au centre d'Athènes", Dimitra Kanellopoulou)

 

 

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