La beauté d’une ville

On a hâte de découvrir l’exposition qui ouvre mercredi prochain au Pavillon de l’Arsenal :

En attendant, on peut lire sa présentation sur le site du Pavillon de l’Arsenal, ici ou ci-dessous :

Qu’est-ce qui fait la beauté d’une ville ?

Son site, sa morphologie, ses bâtiments, ses jardins, ses matières, sa mesure ? Ses habitants, ses fragilités, son hospitalité, ses milieux, sa mesure ? Comment se définit, en fonction des projets et des contraintes de chaque siècle, l’esthétique urbaine ? Quelles formes doit inventer la ville pour opérer sa transition climatique ?

À l‘heure où la municipalité parisienne interroge l’esthétique de la capitale par la création d’un manifeste, où l’administration élabore un nouveau règlement urbain mais aussi où les Parisiennes et Parisiens affirment leur volonté de participer à ces débats, le Pavillon de l’Arsenal réunit, durant le confinement, une cinquantaine d’architectes, artistes, chercheur/e/s, écrivain/e/s, commissaires d’exposition, historien/ne/s, philosophes, sociologues… pour esquisser une définition de ce qui fait la beauté de Paris.

Leurs analyses, rassemblées dans l’ouvrage co-édité avec Wildproject, se croisent, se répondent et éclairent les grandes controverses qui ont rythmé la fabrication de Paris depuis les prémices des disciplines urbaines. Les prises de position emblématiques de Voltaire en faveur des embellissements (1749), de Victor Hugo face aux démolisseurs (1832), de Rousseau dénonçant « des rues sales et puantes, de vilaines maisons noires » (1849), d’Émile Zola ou Jules Ferry à l’encontre des travaux du préfet Haussmann (1867-1872) ou des artistes le 14 février 1887 contre l’érection de la tour Eiffel… ou plus proches, les prises de position contre la transformation des Halles (dès 1959), des voies rapides (1972), l’édification d’immeubles tours (en particulier à partir de 1974), la place de l’art ou de la nature, l’espace des nouvelles mobilités, l’intégration des nouvelles technologies et ses appendices ou l’appropriation des trottoirs… chacune révèle l’engouement constant et singulier de toutes et tous pour débattre de l’avenir de la ville et le caractère protéiforme de la beauté.

La beauté englobe tout un ensemble de visions, de règles, de techniques constructives et de pratiques quotidiennes en évolution constante, que l’exposition propose d’explorer, guidée par la voix de nos experts au travers de 7 niveaux de perception : tout d’abord, le site et en particulier la Seine, creuset du débat populaire ; puis la morphologie, entre composition urbaine et tissu existant, entre densité et étalement ; le paysage du piéton : sols, trottoirs, affiches, mobiliers, squares, parcs et œuvres d’art ; le bâti, sa forme et son échelle issues des règlements successifs, mais aussi la diversité qui lui donne son caractère ; l’invisible, ce qui a disparu ou ce que l’on ne veut plus voir ; la place du vivant à redéfinir à l’aune de la crise écologique ; et enfin, celui qui aurait pu être le premier de ces sujets, l’hospitalité, qui traduit la capacité de la cité à accueillir, protéger et laisser suffisamment d’espace à toutes et tous pour s’exprimer.

Autant de questions et d’histoires qui invitent les visiteurs à parcourir Paris depuis le XVIIIe siècle, un pied dans l’histoire l’autre engagé sur les chemins de la transition écologique, pour continuer à débattre au fil d’un un parcours scénographique rythmé par une centaine de documents historiques, de plans, de photographies, d’entretiens vidéos réalisés par Océane Ragoucy et d’un montage inédit de références cinématographiques sur le piéton de Paris proposé par Stefan Cornic et Stéphane Demoustier. L’exposition s’enroule autour d’une prairie éphémère conçue par les paysagistes de Wagon Landscaping. Cette installation temporaire a une double ambition : présenter les nombreuses espèces végétales de la tradition horticole des jardins parisiens d’hier, d’aujourd’hui et de demain dans toutes leurs variétés, mais également apporter aménité et fraîcheur dans le Pavillon de l’Arsenal.

La beauté d’une ville dépasse la seule dimension esthétique. Elle est le langage commun de la fabrication de la ville. C’est l’ambition de cette manifestation collective d’explorer ce qui la caractérise et en débattre, en invitant chacune et chacun à participer à sa transformation.

avec les contributions des auteurs de l’ouvrage
Isabelle Backouche / Jean-Christophe Bailly / Isabelle Baraud-Serfaty / Julie Beauté / Alessia de Biase / Nathalie Blanc / Bernadette Blanchon / Jeanne Brun / Pierre Caye / Paul Chemetov / Philippe Clergeau / Jean-Louis Cohen / Michaël Darin / Chantal Deckmyn / Nicola Delon / Fannie Escoulen / Mariabruna Fabrizi / Yann Fradin / Alexandre Gady / Laure Gayet / Nicolas Gilsoul / Maria Gravari-Barbas / Luc Gwiazdzinski / Antoine Lagneau / Paul Landauer / Éric Lapierre / Emma Lavigne / Laurent Le Bon / Nicolas Lemas / Bertrand Lemoine / Joachim Lepastier / Agnès Levitte / Sandrine Marc / Sébastien Marot / Guillaume Meigneux / Nicolas Memain / Raphaël Ménard / Mathieu Mercuriali / Carolina Mudan Marelli / Soline Nivet / Patricia Pelloux / Antoine Picon / Denyse Rodríguez Tomé / Mathias Rollot / Dominique Rouillard / Jean-Michel Roy / Richard Scoffier / Philippe Simon / Agnès Sinaï / Simon Texier / Géraldine Texier-Rideau / Kelly Ung / Julie Vaslin / Gwenola Wagon / Chris Younès / Ornella Zaza

 

Le livre publié en parallèle de l’exposition est disponible : ici.

 

Notre chapitre sur “Le trottoir, lieu de l’esthétique ordinaire de la ville” est téléchargeable : ici.