“Il n’y aura pas de transformation de l’espace public s’il n’y a pas de modèle économique derrière”

Et puis il y a un élément qu’on commence à étudier, qui nous passionne, c’est la question du modèle économique de l’espace public, parce que toutes les évolutions des espaces publics dans l’histoire se sont faites avec un modèle économique derrière. L’invention du trottoir est d’abord payée par les commerçants qui sont devant. Quand on a la question de développer un réseau urbain, ça fait rêver, c’est payé à 50% par la ville, à 50% par l’état, en 1850. Quand on va commencer à équiper la ville, à la meubler, on va passer par des concessions, notamment à Paris, Grant, Morris, vous connaissez leurs noms, donc ce sont des gens qui finalement ont financé l’innovation dans l’espace public, et l’attractivité de l’espace public. Quand on parle de propreté, il y a la taxe de balayage, la TEOM, on est en train d’essayer de dresser une espèce de maquette économique de l’espace public pour se dire : il y aura moins de voitures, il y aura plus de pistes cyclables, il y aura plus de végétation, il n’y aura que des éléments qui vont augmenter le coût de fonctionnement de l’espace public, et baisser la recette.

Aujourd’hui, à Paris, la recette de l’espace public – c’est 1,3 milliard d’euros le budget de l’espace public, c’est 50 M€ de taxes, balayage, ordures ménagères, 22% automobile, 9% commercialité du trottoir, publicité, droit de terrasse, des choses qui sont peut-être en développement, peut-être en pertes pour d’autres, les séjournants, les gens qui viennent visiter paris, pour 8%, les espaces verts pour 1%. Ce qui est le plus plébiscité aujourd’hui dans l’espace public ne rapporte que 1% de son fonctionnement. Ce qui nous intéresse c’est de regarder comment on va faire demain, et accompagner les politiques publiques et les dirigeants pour identifier les leviers. (…)

Il n’y aura pas de transformation de l’espace public, comme on l’a décrite là, plus généreuse, plus ouverte, plus paisible, plus douce, s’il n’y pas de modèle économique derrière, surtout en ce moment et c’est un formidable défi pour l’ingénierie des agences.

Le numéro Traits d’agences, de septembre 2024, “Espace(s) public(s) en débat(s)” est en ligne ici (et offre une nouvelle preuve de l’invisibilisation du trottoir évoquée dans Trottoirs ! Une approche économique, historique et flâneuse (on n’est jamais mieux cité que par soi-même !) puisque le mot “trottoir” n’y figure pas, sauf dans la coupe page 39).

#Passion#ModèleEconomique