Faut-il opposer numérique et écologie ?
Les newsletters de 15marches sont toujours très stimulantes – c’est pour cela qu’on est ravi que Stéphane Schultz ait accepté d’intervenir lors du prochain séminaire “Futurs de villes” de Futuribles qui se tiendra les 6 et 7 juin prochain (programme et inscription ici).
On profite de relire sa lettre du 9 janvier dernier sur “faut-il opposer numérique et écologie ?” pour la signaler dans ce blog (qui nous sert aussi d’archives et de veille !).
A lire donc : “Faut-il opposer numérique et écologie ?”
Extraits :
“Comment et pourquoi numérique et écologie, qui auraient pu naturellement profiter l’un de l’autre, se sont éloignés voire franchement opposés à mesure que progressait la transition numérique ? (…) Cette introduction de l’Agenda pour un futur numérique et écologique (Fing, 2019) traduit bien les controverses qui agitent en ce moment les acteurs de l’innovation. La puissance de calcul, l’analyse des données, la connectivité, la géolocalisation,…sont autant de moyens qui pourraient être efficacement mis au service de la résolution des “grands défis écologiques” que nous rencontrons aujourd’hui. Et pourtant. Alors qu’internet et l’ordinateur personnel ont été d’abord plébiscités par des communautés très sensibles à l’environnement, cette préoccupation semble être passée au second plan au fur et à mesure de la croissance des tech companies, en particulier dans la Silicon Valley. Pire, ces acteurs semblent faire comme si les pénuries et catastrophes à venir ne les concernaient pas, et que rien ne pouvait entraver la marche en avant de technologies toujours plus consommatrices et émettrices.
J’ai souhaité approfondir le sujet cette semaine en faisant l’exercice de lister ce qui oppose les deux “camps”. Une sorte de cartographie des controverses à la Bruno Latour dans laquelle les “arguments” des uns et des autres seraient volontairement polarisés (ex. : tous les acteurs du numérique ne sont pas transhumanistes).
Note : par simplification j’emploierai les termes le numérique et l’écologie comme s’il s’agissait de personnes : j’englobe en cela les acteurs de chaque domaine, leur culture dominante et les discours politiques (caricaturés) qui les accompagnent.
(…) Nous sommes à la fin de cette longue liste de controverses dont je suis conscient qu’elle est à la fois caricaturale par moment et redondante à d’autres. Cet exercice est utile lorsque les vérités scientifiques sont absentes ou insuffisantes. Il permet de commencer à construire des ponts entre les deux domaines en cherchant des consensus.
Pour ma part je reste convaincu que non seulement chaque transition a besoin de l’autre, mais que de surcroît chaque “camp” y gagnerait en puissance et en créativité. L’écologie a besoin de moyens pour agir efficacement, changer les comportements et le faire à l’échelle. Le numérique a besoin de sens pour sortir de son modèle basé sur la publicité et la course à l’attention. La créativité se nourrit de contraintes”.
Source : 15 marches – Stéphane Schultz
A lire également la newsletter du 10 octobre 2023 : “Automates des villes, automates des champs“.
Extrait :
“Si je vous dis “robot”, personne – je m’avance – ne pensera au distributeur de pizzas “La Pantofola” au bord de la D3 au Buisson-de-Cadouin (24). Et pourtant. Si techniquement on parle plutôt d’automate, d’un point de vue social et politique il s’agit bien de robots. Je m’explique.
Commençons par la bouteille à moitié pleine : le distributeur automatique de pain (ou de Comté, ou d’huîtres, ou de fleurs, ou de rillettes,…) c’est le gentil artisan-commerçant du coin qui vend son surplus en dehors des horaires d’ouverture, ce qui lui permet de maintenir en vie sa boutique et d’élargir sa zone de chalandise. Le journaliste nous fait apprécier d’étapes en étapes la convivialité du camping autour du distributeur d’apéros ou celle du restaurant automatique où l’on déguste une tête de veau à 4 heures du matin entre chasseurs. Après tout, les commerçants travaillent déjà tout le temps. Et puis, tout le monde en parle, il manquerait 75 000 emplois dans le commerce et le tourisme. Les jeunes ne veulent plus bosser ma bonne dame.
On aurait aussi pu mettre l’accent sur la bouteille à moitié vide : ces machines ne sont-elles pas un énième signe de l’effondrement du commerce rural et plus globalement de la déshumanisation de ces territoires ? Et ne parlons pas de la consommation d’énergie de ces pizzas refroidies puis réchauffées “en 2 minutes”, ou de la qualité nutritive de l’ensemble. Pour le goût du terroir, sélectionnez la touche 32″.
Photo : trottoir impair de la route de Moulins, 63 320 Montaigut-le-Blanc – 17 septembre 2023 ©ibicity
Toujours dans l’idée de bousculer les certitudes toutes faites, la newsletter de 15Marches de mars 2021 : “Faut-il choisir entre la ville du quart d’heure et la livraison en 10 minutes“.
Extrait :
“À ma droite, la ville du quart d’heure. À ma gauche, la livraison en 10 minutes. La première veut vous faire sortir de chez vous, mais pas trop loin et pas trop vite. (…) La seconde veut vous apporter ce que vous pourriez trouver dehors, sans bouger de votre fauteuil, dans le temps nécessaire pour lire cet article. (…) La Ville du Quart d’Heure sera d’abord une ville aux mille visages”.
Et aussi : “Et vous, qu’avez-vous appris cette année ?” – 28 février 2023
Et aussi : https://substack.com/@15marches