Faut-il encore subventionner les transports publics ?
Le Guardian a récemment dévoilé, dans un article de juin (ici), les projets de Sidewalk Labs, la filiale d’Alphabet (la maison-mère de Google) dans le secteur des transports urbains.
Outre des projets dans le domaine du stationnement, deux projets nous paraissent potentiellement disruptifs de l’ensemble de l’économie des transports urbains.
Primo, la proposition d’un système de paiement unique pour l’ensemble des modes de transports. On retrouve ainsi la fonction des centrales de mobilité (ici, mais à une toute autre échelle et dans un rapport très différent aux autorités organisatrices de transport, et, plus généralement la fonction d'”agrégateur” (ici et ici).
Secundo, la proposition de verser les subventions, non plus aux opérateurs de transport public, mais directement aux usagers ou à des opérateurs comme Uber, à l’instar du partenariat qui a été noué entre Uber et la ville d’Altamonte Springs en Floride (ici).
Citons Les Echos qui reviennent sur cette stratégie dans leur édition du 22 août 2016 (“Comment Google s’insère dans le marché des transports urbains”, ici).
La filiale d’Alphabet veut construire une application rassemblant toutes les options de transport – bus, trains, VTC, vélos, autopartage… -, ainsi que les places de parking disponibles, avec une solution de paiement mobile intégrée. Elle propose de rediriger les subventions finançant les tarifs réduits dans les transports publics vers le portefeuille des usagers modestes, afin qu’ils puissent choisir de dépenser cet argent aussi bien sur un ticket de bus qu’un trajet en Uber.
“Les systèmes d’autopartage peuvent compléter plutôt que concurrencer les transports publics”, assure Daniel Doctoroff, directeur général de Sidewalk Labs.
Cette évolution est au coeur de notre étude sur les “nouveaux modèles économiques urbains” (ici), et rejoint en partie notre tribune dans les Echos du 31 mai (ici) :
Que ce soit pour les transports ou l’énergie, la puissance publique a longtemps été le fournisseur exclusif des services collectifs, y compris lorsqu’elle en déléguait la mise en oeuvre à un opérateur privé. Aujourd’hui, l’offre se démultiplie. Elle devient à la fois plus complète et plus complexe. Les services de mobilité ne se limitent plus aux infrastructures de transport. Ils intègrent aussi l’aide à la navigation en temps réel, l’insertion du covoiturage dans la chaîne de mobilité, l’enrichissement du temps passé dans les transports, etc.
A lire également : l’étude “Can New Transportation Technologies Improve Equity and Access to Opportunity”, ici (identifiée via @EHooge)