Electricité gratuite ? Ville gratuite ?
La ville restera-t-elle gratuite ? C’est la question dont nous débattrons vendredi, lors du séminaire organisé par Futuribles sur le thème Futurs de ville : continuités et changements de paradigme.
Nous y aborderons quatre sujets :
– Les trois payeurs traditionnels de la ville
– Les quatre menaces à la gratuité de la ville
– Le défi de la coproduction de la ville saisie par le numérique
– L’importation des nouveaux modèles économiques du “gratuit” issus du numérique.
La question fera par ailleurs l’objet d’un article à paraître dans le prochain numéro (mai-juin) de la revue Futuribles.
C’est l’occasion de relire l’excellent article de Yves Heuillard paru dans la revue de prospective WE demain n°9 : “L’électricité sera bientôt gratuite”.
Extrait :
« Oubliez le modèle français d’un EDF en situation de quasi-monopole, contrôlant toute la filière électrique, de la production à la consommation. Sur les marchés étrangers ouverts depuis longtemps à la concurrence, comme aux Etats-Unis, les producteurs (les propriétaires de centrales électriques), les transporteurs (les exploitants de réseaux électriques) et les distributeurs (les interlocuteurs des consommateurs) sont des acteurs indépendants. L’électricité y est soumise aux règles du marché, plus ou moins chère selon la demande, au fil des heures et des jours. Ces variations ne sont que très peu transmises au consommateur, qui paie généralement son électricité, à prix fixe, via un abonnement.
L’intérêt des distributeurs d’électricité est donc d’inciter les consommateurs à décaler leur consommation au moment où l’électricité est la moins chère, c’est-à-dire quand les activités humaines sont réduites : la nuit et le week-end. Ces entreprises perdent moins à vous fournir gratuitement de l’électricité qu’elles achètent la nuit à 1 ou 2 centimes le kilowattheure que de vous la faire payer 14 centimes quand il leur en coûte 20 pour vous la livrer à une heure de pointe. De telles offres nécessitent cependant un compteur intelligent capable d’adapter finement la tarification au prix réel de l’électricité selon les heures, les jours de la semaine, les saisons et les besoins du consommateur. Au Texas, aux côtés de TXU, on dénombre 50 fournisseurs d’électricité, et les consommateurs ont le choix entre 250 formules d’abonnements. La proposition d’une électricité gratuite a une valeur marketing indéniable ».
A lire également, l’article “La tarification, un outil de solidarité ?”, de Martine Long, paru dans la revue M3 n°8 (téléchargeable ici).
Extrait :
“Méconnue dans ses fondements, la tarification des services publics locaux est un levier important et un élément déterminant d’accès aux services. Hormis les secteurs pour lesquels la gratuité est imposée par un texte (éducation, services départementaux d’incendie et de secours), les collectivités ont le choix de faire peser la charge d’un service sur le contribuable ou sur l’usager. Traditionnellement, en France, le principe de solidarité est incarné par l’impôt et par l’Etat qui demeure la figure de solidarité. Mais, face à la montée des individualismes, à l’iniquité des impôts locaux et à la nécessité de trouver de nouvelles ressources, les logiques marchandes tendent à se généraliser. La figure de l’utilisateur-payeur se substitue à celle du contribuable-financeur”.