Pour ceux qui comme nous s'intéressent à l'impact des logiques financières sur les formes urbaines, il faut lire l'article de Catherine Sabbah paru ce jour dans les Echos.
Extrait :
Depuis des décennies, les choix constructifs n'ont pas varié. Aux structures poteaux-poutres encore fréquentes jusque dans les années 1970 ont succédé les voiles de béton, ces murs porteurs qui figent les espaces. Les milliers de mètres carrés vides et difficilement recyclables qui encombrent le marché tertiaire font partie de cette génération.
Autre travers, la fameuse trame de 1,35 mètre, le plus petit module de façade de l'immeuble, qui définit la surface d'un bureau fermé : 2,70 mètres (deux trames) de large sur 5 mètres de profondeur. A l'heure des plateaux les plus ouverts possible, a-t-elle encore un sens ? La forme des immeubles découle pourtant très directement de ce nombre d'or calqué sur le droit du travail. Douze mètres de large permettent d'implanter des bureaux, exposés à la lumière du jour de part et d'autre d'un couloir. Lorsque l'immeuble s'étale sur 18 mètres, il est possible de rajouter une « tranche » de salles de réunion ou d'espaces techniques au milieu.
Le parallélépipède, plus ou moins large, sur 6 à 7 niveaux est donc bien le plus économique : pas de perte de terrain, des bâtiments compacts donc moins gourmands en énergie, moins de mètres carrés de façade (les plus coûteux). La forme idéale, en somme, du « produit financier liquide » que l'immeuble tertiaire est devenu depuis une quarantaine d'années. Financé par des investisseurs qui sont les vrais décideurs, il doit convenir à tout type de locataire, pouvoir être divisé si besoin, et revendu.
Source : "Des immeubles formatés par leur modèle économique" - Les Echos - 18 septembre 2014 - Catherine Sabbah
A lire également : la notice "finance/financiarisation" du Dictionnaire historique de la Défense (Editions Parenthèses), ici
et le billet "Argent : en parler ou pas ?", ici.
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