Alibaba, nouveau prince des trottoirs
Ha ha ! On s’est bien amusé à répondre à la commande du Moniteur pour son numéro 6000, qui sort ce vendredi.
La demande que nous avons reçue fin août de la revue était la suivante :
« Pour le n°6000 du Moniteur qui sera publié le 26/10/18, nous souhaitons offrir à nos lecteurs une vision prospective de la construction, de ses métiers et de ses acteurs en proposant de découvrir le numéro… 7 000 (soit en 2037). Pour cela, nous demandons à plusieurs contributeurs de nous écrire sur leur thème de prédilection les articles qui pourraient être présents dans ce numéro 7000. Les textes seront ainsi écrits au présent (comme si nous étions dans un Moniteur de 2037) et non au futur. Les articles oscilleront entre 3 000 et 5 000 signes. Un calibrage plus précis sera communiqué ultérieurement. Nous avons pensé à vous pour un article qui mettrait en avant la problématique des nouvelles relations des acteurs de la ville (public/privé notamment). Ce papier pourrait décrire ces nouveaux jeux d’acteurs dans telle ou telle ville/agglo en anglant par exemple sur un événement survenu ou à venir en matière de construction et qui mettrait en évidence les changements opérés. Seriez-vous partante pour cet exercice original ? »
Oui, bien-sûr !
Le résultat est un article, écrit en 2037 donc, intitulé “Alibaba, nouveau prince des trottoirs” (téléchargeable ici).
Le choix du sujet s’est assez vite imposé. Cela fait en effet déjà quelques mois que nous nous sommes pris de passion pour le trottoir (ici), avec l’idée que c’est sans doute l’un des objets qui incarnent le mieux les mutations à l’œuvre dans la ville, et aussi la conviction que les espaces publics sont en train de subir de profondes évolutions, sous l’effet notamment des géants du numérique. Le choix de cibler le rôle d’Alibaba est lié au fait que la plateforme chinoise est un des principaux sponsors mondiaux du CIO, et devrait donc jouer un rôle majeur lors des JO de Paris 2024.
Cet article veut offrir une vision prospective, mais en réalité la plupart des éléments que nous y mentionnons existent déjà, comme les dispositifs de signalisation dynamique, les techniques de monétisation de la réalité virtuelle (ici), ou la numérisation des trottoirs par les plateformes (ici).
Pour aller plus loin sur les trottoirs, l’espace public, et les plateformes, nous vous renvoyons volontiers aux billets suivants :
– Le paradoxe de l’espace public : source de coût ou actif stratégique ?
– Les nouveaux partages de l’espace public
– Quand les villes devront payer pour accéder à leur espace public
– Journal d’un usager de la rue
– Pour lire l’avenir des villes, regardez le bord du trottoir
– Nouvelles valorisations des espaces publics
Ainsi qu’à ceux déjà cités dans le corps de notre billet :
– Uber en voie de désubérisation, ou la revanche de l’espace public.
Sur Alibaba, on pourra lire ce billet. Egalement à savoir : dans le domaine de la ville, Alibaba est notamment actionnaire de Lyft (le service de VTC concurrent d’Uber), d’Ofo (vélos en free-floating présents notamment à Paris, qui vient de conclure un partenariat avec la RATP sur le dernier kilomètre), et de Ele.me (livraison de repas en Chine). Alibaba se développe également très fortement dans le monitoring urbain, avec sa marque « City Brain ». Il est présent dans six villes chinoises, notamment à Hangzhu, il démarre son développement à l’étranger (Malaisie). A Hangzhu, il a signé un partenariat avec le projet « French city brain », conduit par le Pôle Systematic, avec XTU architectes, Xtreee, Guy Martin/Grand Vefour…, et le soutien de la Région Ile-de-France.
Sesame est un « credit score » (note qui évalue la solvabilité). Il est développé à partir de multiples données provenant de comportements d’achat (données de paiement sur sa carte de crédit, tout achat important, supérieur ou égal à 10.000 dollars, documents d’imposition. Les personnes avec les meilleures évaluations obtiennent des privilèges (par exemple : ligne pour un contrôle de sécurité rapide à l’aéroport, accès à des discothèques, dispense de verser des arrhes pour réserver un hôtel, prise de vélo partagé sans caution…).
Ces réflexions étant en cours, toutes les remarques sont bienvenues, adressées par mail à isabelle@bicity.fr.