“A Pompéi, on pouvait s’asseoir sur les trottoirs”
En attendant de lire le “poème en prose” sur les trottoirs de David Abiker dans le Parisien du week-end prochain, voici, en couleur, l’illustration de la rue de l’Abondance à Pompéi à laquelle il fera allusion, qui figure dans Trottoirs ! Une approche économique, historique et flâneuse (Editions Apogée).
Cette illustration réalisée par l’indispensable architecte-archéologue Jean-Claude Golvin représente la rue de l’Abondance, qui était la voie principale de Pompéi. Elle donne notamment à voir : la hauteur des trottoirs, les trous sur leur bordure pour y attacher la bride des chevaux ou mulets, une fontaine avec un bassin (décoré d’un bloc sculpté représentant la Concorde tenant une corne d’abondance qui a donné son nom à la rue), les thermopolii (thermopolium : établissement de restauration rapide), les graffitis sur les façades, les balcons en saillie, le passage piéton surélevé.
Les fontaines publiques, déjà évoquées, étaient installées sur le trottoir, ou sur la chaussée contre le trottoir, ou à cheval sur les deux. Elles constituaient des éléments de mobilier urbain ordinaire – par comparaison avec les fontaines monumentales, appelées « nymphées ». Les lacus étaient de simples bassins surmontés d’une bouche d’eau, qui permettaient de distribuer l’eau vive à la population, et qui se sont multipliés en France puis dans les autres provinces de l’Empire romain à partir du 1er siècle avant Jésus-Christ.
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Qu’il s’agisse de l’entretien, du « libre usage », de l’hygiène et de la sécurité des rues et des trottoirs, les textes de lois étaient nombreux, avec des précisions qui rendent leur lecture amusante. Par exemple, à Rome, la chute d’objets ou de liquides depuis le haut des maisons (vases, pots de fleurs, fenêtre utilisée comme un vide-ordures, etc.) semble avoir été un fléau répandu qui menaçait les passants. Les dispositions juridiques variaient selon la victime (homme libre, esclave, etc.), les conséquences de la chute (mort, cicatrices, habits déchirés ou gâtés, etc.) et la personne à l’origine de la chute volontaire ou involontaire de l’objet (propriétaire ou locataire, fils de famille, esclave, affranchi, femme, etc.). Sans rentrer dans l’ensemble des dispositifs juridiques, trois points doivent être soulignés en lien avec les enjeux actuels du trottoir.
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L’éruption du Vésuve en 79 après Jésus-Christ ensevelit les trottoirs de la ville. Selon certains historiens, leur redécouverte lors des fouilles archéologiques en 1748 pourrait avoir eu un impact sur la renaissance du trottoir en Angleterre à cette époque. L’idée aurait séduit les gens de la bonne société anglaise, accomplissant en Italie au milieu du XVIIIè siècle leur « grand tour ». Mais avant de nous rendre au XVIIIè siècle à Londres, il nous faut encore traverser plusieurs siècles.
Pour un plan des trottoirs de Pompéi et ce qu’on peut en déduire 2000 après, c’est : ici ! Pour un article de Catherine Saliou, grande spécialiste de l’Antiquité, c’est : là. Pour d’autres enfants sur le trottoir : ici !
Ci-dessous : David Abiker posant ses pieds sur trottoirs.
Un grand merci à la Fondation Palladio pour son invitation à l’Université de la Ville de Demain et au passage à l’action !