20 000 câbles sous les mers pour les géants du Web

Ce billet a été écrit par Sarah Fryde, étudiante en khâgne.

La mer s’illustre désormais comme un nouveau terrain de conquête pour les géants du web, les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), aujourd’hui nouveaux acteurs sur le territoire des opérateurs télécoms.

Les géants du web : de nouveaux investisseurs à la conquête des fonds marins.

L’explosion du trafic nécessite de nouvelles infrastructures et explique la construction de nouveaux câbles sous-marins. Aujourd’hui plus de 95% du trafic intercontinental, Internet comme téléphone, passent par le réseau de câbles sous marins qui incarnent la dimension physique de liaisons immatérielles.

Cependant, l’équation économique de cette construction a changé. Avant, les GAFA se contentaient simplement d’acheter de la bande passante aux opérateurs de télécoms. Aujourd’hui, en raison du volume de données échangées sur le Net, « pour des sociétés comme Google ou Facebook, il devient plus rentable d’investir directement dans la construction et la pose de câbles que de passer par ceux des opérateurs » selon Alan Mauldin, analyse chez TeleGeography, un cabinet d’étude spécialisé dans les infrastructures.

Face aux investissements que représente la construction d’un câble, ces grands du Web ont choisi d’être propriétaire et non locataire de ces infrastructures.

Ils peuvent mettre en jeu plusieurs centaines de millions de dollars dans ces projets de construction. C’est en cela qu’ils se présentent comme de nouveau acteurs déterminants sur la scène économique. « En investissant de façon autonome, ces groupes peuvent davantage maîtriser les usages, décider des technologies à utiliser ou des changements à effectuer sans avoir à demander l’autorisation à d’autres acteurs » selon Alan Mauldin. Cette autonomie leur est indispensable car ces géants du web représentent à eux seuls la moitié du trafic entre les réseaux sociaux, les vidéos et le cloud. D’après certains experts, « les géants du Web veulent montrer qu’ils investissent eux aussi dans les tuyaux ».

En se déployant sous la mer, les géants du web empiètent un peu plus sur le territoire des opérateurs télécoms, leurs meilleurs ennemis. Mais cependant, comme le rappelle Alan Mauldin « il y a tout de même des avantages à s’allier avec des opérateurs télécoms pour ce type d’infrastructure. Ils ont l’expérience et le savoir-faire en termes de régulation, de relation avec les autorités, de maintenance et de gestion des câbles. Sans parler de leur capacité à vendre du trafic ». Il semble alors plus sage pour ces géants de s’allier encore avec les opérateurs télécoms au lieu de s’affirmer comme des puissances autonomes.

Des acteurs du Web de plus en plus impliqués.

Sources : « Quand les géants du Web se lancent à la conquête des fonds marins » – Romain Gueugneau – Les Echos – Mercredi 1er juin 2016.