« Musique : le streaming s’impose comme le modèle économique du futur ».
A l’instar des Echos du 19 mars dernier, la presse s’est largement fait l’écho de l’essor du streaming, qui a été démontré par le dernier rapport de l’IFPI(l’organisation qui représente les producteurs de disques au niveau international).
Pour bien comprendre les enjeux de cet essor du streaming, il faut lire ce rapport. Notamment page 17 :
« Digital music is also moving from a model based largely on ownership to a more multifaceted model built around access. This is breaking down the traditional distinctions between the major services. Rob Wells, president of global digital business at Universal Music Group, says : « There’s a blurring of the lines between the models. iTunes Radio is a stream. iTunes Match is a subscription, and on the back of it is a download service. (…) Research also shows that streaming are successfully helping to reduce piracy ».
En quelques lignes, quatre ruptures majeures sont ainsi mises en évidence. Assurément, elles ne concernent pas que le secteur de la musique, et la ville est tout autant concernée.
Rupture n°1 : « Evolution d’un modèle basé largement sur la propriété à un modèle construit autour de l’accès » : c’est évidemment une tendance de fond souvent désignée par le terme d’ « économie de la fonctionnalité ».
Rupture n°2 : Evolution vers un modèle davantage « mutifaces »
Les systèmes bifaces, voire multifaces, peuvent être trouvés dans de nombreux secteurs. Leur principale caractéristique est que « dans la chaîne de valeur traditionnelle, la valeur bouge de la gauche vers la droite : à gauche de l’entreprise, on trouve les coûts, à droite les revenus. Dans les systèmes bifaces, les coûts et les revenus sont à la fois à gauche et à droite, parce que la plateforme a un groupe de clients distincts de chaque côté. La plateforme supporte des coûts du fait de ce qu’elle propose aux deux groupes, et peut collecter des revenus de chacun, même si une des deux faces est souvent subventionnée » (cf. « Strategies for two-sided markets »*)
Là encore, ce type de modèle biface n’est pas nouveau. Mais la révolution numérique permet d’augmenter des deux côtés le nombre d’utilisateurs et ainsi d’augmenter la valeur de la plateforme.
Rupture n°3 : « La frontière est de plus en plus floue entre les modèles »
Typiquement, ces modèles bifaces conduisent à une imbrication entre les activités marchandes et non marchandes. Par exemple, les sites de covoiturage sont des plateformes qui permettent de mettre en relation des conducteurs et des passagers. Pour les conducteurs, il s’agit de « partage de frais » et non d’une activité économique. Pour les plateformes, en revanche, l’enjeu est d’arriver à monétiser le service, notamment par un prélèvement sur les échanges financiers entre conducteurs et passagers dès lors que ceux-ci transitent par leur site. La monétisation du fichier de client combinée à leur connaissance précise ouvre également la voie à une troisième source de revenus, qui est la monétisation (i.e. la vente) des données à des acteurs situés par exemple le long des axes de circulation.
Cette logique de modèle biface, voire multi-face, est au cœur de ce qu’on appelle « l’économie du partage » (ou « l’économie collaborative » ou encore « peer-to-peer economy »). Celle-ci est basée sur le partage d’actifs sous-utilisés comme des espaces ou des compétences, et génère des bénéfices monétaires ou non.
Comme l’indique Rachel Botsman dans un article très stimulant : « Les nouvelles technologies nous permettent de révéler les capacités inexploitées de ressources sociales, économiques et environnementales et d’actifs sous-utilisés. Ces capacités inexploitées sont partout, même si ce n’est pas toujours facile de les identifier : sièges vides dans une voiture, maisons de vacances inutilisées ou chambres d’amis, wi-fi sous-utilisé, espaces tertiaires non utilisés, capital et talents disponibles, et bien-sûr biens de consommations sous-utilisés »**.
Rupture n°4 : « Le streaming aide à réduire le piratage »
La diminution de la fraude est une source de recettes considérables dans le domaine du stationnement ou des transports en commun. C’est potentiellement une source de recettes importantes pour les collectivités, et un axe de travail fort des acteurs de la ville intelligente.
Pour aller plus loin sur ces sujets, ibicity vient de mettre en place un « Observatoire des nouveaux modèles économiques urbains »®, et crée le hashtag #EconomieUrbaine sur Twitter !
Pour plus de renseignements, envoyez un mail à ibicity@ibicity.fr
- « Strategies for Two-Sided Markets », Thomas Eisenmann, Geoffrey Parker ans Marshall W. Van Alstyne – Harvard Business Review – Octobre 2006
- « The sharing economy lacks a shared definition » - Rachel Botsman
Commentaires